02 avril, 2008

Princes de la ville, rois des charts

Qu'est-ce que du rap commercial ? La question a longtemps fait débat dans les halls et déclenche toujours la polémique sur la toile, encore plus à l'heure où écrire au Tip-Ex son nom sur ses lunettes de peur de se perdre et danser comme un autiste se balançant de gauche à droite (surtout à droite, libéralisme oblige) permet de vendre des sonneries de téléphone par centaines de milliers. Mais pourquoi les djeunes téléchargent massivement des chansons sur leur téléphone !? Décidément j'me fais vieux.... Bref, dernièrement on m'a demandé si j'allais écrire des articles sur des albums plus récents (Yo Arno ! Un p'tit CDI pour moi chez Rap Mag ?). Genre 1999 - 2000 ? Non non, genre 2006 - 2007. Faut pas déconner non plus ! 1999 c'est déjà un bel effort vous trouvez pas ?





113 "Les princes de la ville" (1999)
Alariana / Double H

  1. Intro
  2. Ouais Gros
  3. 1001 nuits (feat. Big Red)
  4. Tonton des îles
  5. Les regrets restent (feat. Boss1 du 3° Oeil)
  6. Hold-up (feat. Intouchable)
  7. Reservoir drogue
  8. Jackpotes 2000
  9. Face à la police (feat. Faya Dem)
  10. Tonton du bled
  11. Main dans la main (feat. 113 Clan)
  12. Sans retour
  13. Les princes de la ville



Mais le but d'un CD n'est-il pas d'être commercialisé après tout ? Autrement dit, chaque CD serait commercial ? Ou plutôt commercialisable ? Merde c'est compliqué la vie d'internaute, les questions se font existentielles... Bref laissons ce maudit débat ici, comme diraient nos cousins d'Amérique, et revenons à ce qui vous intéresse réellement : ma vie et ses péripéties... Si j'introduis cette œuvre de la sorte (en mode Sartre), c'est qu'il est à la mode de chier sur les albums qui rencontrent un succès, même mérité. Pourtant quand cet opus est sorti en 99 (ou peut-être début 2000 ma mémoire me fait défaut) il a réussit à mettre tout le monde d'accord. Presque tout le monde en tout cas... Moi à l'époque j'étais à mi-temps au lycée technique Laplace et dans ma classe j'avais un pote dont la mère vivait à Thiais juste à côté de Choisy. Le vendredi, dès qu'on avait la possibilité de le faire, on sautait dans le train direction le Val-de-Marne. Forcément l'écoute de l'album n'avait pas la même saveur là-bas que chez moi, même si la France entière a subi la vague vitryote. Après avoir réalisé un "truc de fou" en passant en heavy-rotation sur les ondes de Skyrock l'année précédente en compagnie d'un ancien de la ville et membre des TSC, Doudou Masta, les 3 "gros" décident de revenir "braquer la banque sans faire toc-toc". Serait-ce bel est bien une banque ou l'industrie musicale la victime de ce braquage ?



Car à y regarder de plus près "Les princes de la ville" peut s'apparenter à une usine à tubes ! D'abord "Ouais gros", morceau un brin électro signé encore et toujours par le grand DJ Mehdi, avec sa boucle ultra accrocheuse volée au Kraftwerk qu'Afrika Bambaataa avait déjà "emprunté" pour l'un des premiers titres de l'histoire du rap : "Planet rock". Gros : expression désignant un ami popularisée par le 113 (cf. le dico de ton quartier).
"Hold-up" donc... Autant la FF bof bof, autant Pone a toujours fait des prods excellentes ! Un single improbable quand on y pense, une histoire à base de guns, de saucissonnage et de course poursuite. Mais rien est impossible pour la Mafia K'1-Fry. Ideal J, Manu Key ou encore Rohff nous l'ont également prouvé avec des titres phares tranchant avec les niaiseries radiophoniques qu'on avait l'habitude d'entendre ("ouvre les yeux, je t'emmène en voyage dans les nuages...").
"Jackpotes 2000" ensuite. Ahhh là on touche un point sensible ! Le rap français peut-il faire bouger des culs en club ? Hé bah ouais gros ! Qu'est-ce que c'était bon de taper des petits pas de danse sur ce morceau... Funky à souhait et, il faut dire ce qui est, aussi kitch que le retour de la roue de la fortune sur TF1 !
Titre super léger à l'image d'un "Tonton du bled" qui l'air de rien rentrera dans le crane de chacun d'entre nous pour y resté scotché pendant encore quelques années. C'était pas évident d'arriver avec cette boucle orientale mais Rim-K avait décidé de se faire plaisir pour son solo. Les origines ont toujours eu une place importante dans la musique de ce groupe. On retrouve d'ailleurs A.P. avec un "Tonton des îles" bien en-dessous de la qualité du titre de l'autre tonton mais néanmoins sympathique a écouter, surtout pour tous ceux qui comme moi ont connu les chaleurs tropicales des Antilles (pawol a ti mal hein Nico ?).
Et enfin le titre éponyme, gros hymne à la jeunesse des cités françaises. Déjà que Rim-K et A.P. ne sont pas vraiment reconnus pour rapper dans les temps, cette prod rapide de Mehdi s'inspirant du titre de Curtis Mayfield "Make me believe in you" n'arrange pas grand chose... Mais on s'en balance ! On écoute pas 113 pour la technique du flow, ni même pour leurs talents d'écriture, mais parce que de leur rap se dégage un côté "vrai", sincère avec eux-mêmes et avec leur public. Et quoi que les mauvais langues racontent, ils ont gardé cet état d'esprit 10 ans après leurs débuts discographiques.



Alors bien sûr y avait les "tubes", mais aussi d'autres morceaux tout aussi intéressant tels que "1001 nuits" avec Big Red en invité de luxe : en règle générale, inviter un Raggasonic sur une chanson est souvent gage de qualité, à l'époque tout du moins... Bon c'est vrai je repense surtout à Daddy Mory avec l'autre kainfry Kery james sur le splendide "Evitez". "Reservoir drogue" avec une seconde prod de Pone qui permet à travers sa MPC de faire briller Marseille sur cet album, contrairement à Boss One... Mais 3° Oeil ça n'a jamais vraiment était génial... Le rap Marseillais n'est, en général, pas génial ? C'est pas moi qui l'ai dis... "Face à la police" avec Faya Dem ou encore le titre en réunion avec le 113 Clan "Main dans la main".



Disons le clairement et n'ayons pas peur des mots, l'album tue, c'est tout ! Et c'est surtout dû au travail de DJ Mehdi qui, en cette fin de millénaire apocalyptique à base de piano/violon, nous apporta sur un plateau d'argent (ou plutôt de platine) cet album extra-terrestre gorgé d'influences électro et de ce fait bien en avance sur les autres. Evidemment le charisme des 3 rappeurs n'y est pas pour rien non plus. Grâce à ce disque, le 113 peut se vanter de faire parti de ces (trop) rares artistes de musique dit "urbaine" à avoir sorti un jour un disque populaire au sens noble du terme. Le genre de cd que tout le monde peut écouter en y trouvant son bonheur ! Malheureusement, "Les princes de la ville" n'aura jamais de digne successeur dans la discographie de Karim, Yohann & Mokobé. Peut-être que la 504 break chargée de 2 victoires de la musique amplement méritées sur le plateau d'un Michel Druker toujours aussi has-been, était devenu trop lourde pour rouler correctement sur l'autoroute du sans faute. Ou peut-être n'auraient-ils pas dû oublier le petit Mehdi sur une air de repos...

26 mars, 2008

Tant pis pour ta mère v'la le Ministère

Ministère A.M.E.R. "95200" (1994)
MAM Production / Musidisc
1. Prélude Au Réveil (feat. Hamed Daye)
2. Plus Vite Que Les Balles
3. Un Eté A La Cité
4. Brigitte Femme 2... (feat. Kay-Cee)
5. Les Rates Aiment Les Lascars (feat. Assia)
6. Paradis (feat. Kay-Cee)
7. J'ai Fait Un Rêve
8. Autopsie (feat. Doc Gynéco)
9. Flirt Avec Le Meurtre
10. Les Cloches Du Diable (feat. Hamed Daye)
11. Chap II Acte 20
12. Pas Venu En Touriste (feat. Hamed Daye)
13. Nègres De La Pègre (feat. Kay-Cee)
Si je devais ne garder qu'un album de rap français, je crois que c'est pour "95200" que j'opterais (ouais "Conçu Pour Durer" de La Cliqua est un EP... quoi je triche ?). Deuxième album des Sarcellois après un "Pourquoi Tant De Haine ?" (en 1992) surtout reconnu pour le bordel provoqué par le provocateur "Brigitte Femme De Flic" et son propos résolument black-pro que pour ses qualités musicales (quoique rien que pour Moda...), malgré des morceaux réussis. Après avoir débuté aux côtés de Moda, parti depuis faire des disques avec Dan (du magasin Tikaret), Passi et Stomy ont continué leur petit bonhomme de chemin discrètement, ne se mélangeant pas au reste de leurs collègues (à part un titre - solo de Stomy d'ailleurs, avec Kenzy en renfort - sur la "BO" de La Haine).

Ministère AMER à cette époque, c'est la synthèse made in France de ce qui s'est fait de mieux ces dernières années outre-Atlantique : le côté gangsta de NWA (comment ne pas faire le rapprochement entre "100 Miles And Running" et "Cours Plus Vite Que Les Balles"), le militantisme black-pro de Public Enemy et la provoc' d'un Ice Cube ("Black Corea" trouve un certain écho dans "J'ai Fait Un Rêve"). Un petit extrait d'American Me ("Autopsie"), des gros samples funk que ne renierait pas DJ Slip de CMW (qui en a toujours une bonne dans sa poche... kangourou), on aurait pu plonger dans la pâle copie des Ricains...

Mais non, "95200" est un vrai album bien français, bien franchouillard même. L'interlude de "Un Eté A La Cité" et son florilège de noms d'oiseaux (écouter ça à 14 ans est limite éjaculatoire, en boucle à fond dans la maison, la daronne qui commence à s'inquiéter en entendant "T'as 70 ans tu pleures, tu pleures comme ta fille quand j'l'ai dépucelée la salope"...) sent bon la France de Julien Courbet, les références aux camés des grands boulevards, au RER, aux politiciens de l'époque (dont certains sévissent toujours, un petit furieux devenu aujourd'hui malheureusement calife à la place du calife), au racisme, les bruits et les odeurs, la flambe... Pas de doute : on est en banlieue.
"95200" est le premier grand disque de rap sur la banlieue, sur la cité et quoi que nos auditeurs de "rap de tess" puissent en dire aujourd'hui, les deux énergumènes qu'on a vu sur scène avec Johnny Halliday ("Hiiiiip Hoooooooop !!! Hiiiiip Hooooooop !!!") ont ouvert la voie à pas mal de monde. Rien que pour ça, cet album fait partie des disques majeurs du rap français, et peu importe que Passi ait échangé son flow contre un flaire de businessman et un siège de jury à la Star Ac', et que Stomy ait (entre autre) joué le débile léger dans "3 Zéro" : ils ont fait ce disque.

Chose surprenante, pas de réel crédit niveau production. C'est bien con de pas avoir exactement qui produit quoi parce que 14 ans après, ça reste super solide et sérieux. On navigue entre agressivité minimaliste et prods soul-funk imparables, en se payant le luxe de rester cohérent en étant pourtant assez versatile. Je suis toujours surpris qu'on minimise la qualité de la production de cet album ni l'exception musicale qu'il a été.
Remplacer un beat par un bruit de culasse de flingue et de coup de feu ("Plus Vite Que Les Balles"), balancer un solo de guitare électrique complètement furieux sur plus de 6 minutes ("Je Flirt Avec Le Meurtre") ou poser "Un Eté A La Cité" sans réel beat (à une époque où on sortait tout juste de la surproduction rythmique), c'était et ça reste quelque chose d'assez inédit.

A chaque fois que je tombe sur un morceau de Passi ces dernières années, je me demande comment il a pu en arriver là. Je critique pas forcément ses démarches marketing ni ses choix musicaux (encore qu'il y aurait surement à dire) mais plus le fossé qui sépare son flow aujourd'hui (encore plus prévisible que celui de Sinik) et celui qu'il pouvait poser en 1994. Ok, ça n'a jamais été un Daddy Lord C, ni un Ill, ni même un MC de première zone mais au moins, malgré ses approximations, on avait un mec avec un minimum de présence et dont les couplets se suivaient sans se ressembler. Le minimum syndical me direz-vous...
Quant à Missile Mysto, c'était la fraîcheur, l'absence de calcul par nature. Il réussissait un exercice qui parait surhumain aujourd'hui (ouais je sais, je fais dans le cabrelisme encore plus que d'habitude) : réussir à allier envie et discours. Y a pas tortiller du cul pour chier droit, un mec qui prend son pied au micro c'est quand même nettement plus sympa à écouter que n'importe quel tanche qui prend une posture [choisir la mention utile : caillera, sensible, politique, rigolo, gangster, décalé, bandana, intello, acoustique, fashion, dirty south, g-funk, crunk, fluo - liste non-exhaustive]. Gilles Duarte n'a jamais été un grand lyriciste mais il avait suffisamment de bonnes idées pour compenser cet état de fait : pas de complexes, pas de pression de la part du microcosme hiphopcryte et du coup, des tentatives. Qu'est-ce que ça me manque des mecs qui tentent des choses.

C'est d'ailleurs marrant de voir que ces mêmes mecs qui osaient prendre des risques aussi bien au niveau fond que forme sont devenus ceux qui sont à l'origine de l'uniformisation du rap quelques années plus tard avec le Secteur Ä. En présentant au rap un modèle économique indépendant et rentable, Kenzy et ses acolytes ont ouvert la boite de Pandore. On peut désormais gagner de l'argent, beaucoup d'argent (fantasmé ou réel) grâce au rap et du coup, l'argent remplace le plaisir. Une évolution classique au regard de l'Histoire de la musique mais qui n'en est pas moins à chaque fois un crève-cœur.

14 ans après ma première écoute de "95200", je continue de me faire complètement absorber par l'univers de Stomy B. et Passi, je redécouvre à chaque fois l'album, appréciant un nouveau détail à chaque fois, me marrant de leur irrévérence, profitant de l'immersion dans leur univers (vocabulaire, humour - ah ce fameux interlude caché de "Les Rates Aiment Les Lascars"-, revendications...). Et qu'ils se gardent bien de refaire un album, parce qu'on serait bien tenté de leur dire "Euh coupez là... Y a eu un Larsen ?". D'autres semblent tenter le come back mais qu'ils se gardent bien de retourner en studio ensemble même si leur somme a toujours été nettement supérieure à leur valeur individuelle. Un nouveau Ministère ? Non merci, je n'ai plus foi en la politique...

13 mars, 2008

Lorsque la nuit tombe sur Panaaaam'...


Tout Simplement Noir "Dans Paris Nocturne..." (1995)
Panam' Production / Night & Day


  1. Intro : La Bombe Noire
  2. Tout Simplement Noir
  3. "Négro Parigo"
  4. Je Suis Comme Je Suis !
  5. La Justice
  6. Relax...
  7. J'Suis "F"
  8. Goutamafonkybite
  9. Rien De Bon Sur La F.M.
  10. + Fort
  11. Le Peuple Noir
  12. Paris Nocturne...
  13. O.P.I.2.Flics
  14. A Propos De Tass
  15. C' La Tuff



1995, flash spécial : "Mesdames et Messieurs nous venons d'apprendre que le sommeil de la capitale est dérangé par les aboiements incessants d'une meute de chiennes de garde. La faute à 3 négros parigos portant les noms de Parano Refré, J'L-Tismé & MC Bees. Nous savons de source sûre que ces troubles risquent de perturber le reste de la France...". Voilà à quoi aurait pu ressembler l'ouverture du journal de 20h par PPDA si l'autre frustrée d'Isabelle Alonzo avait mit la main sur ce CD...


A ma connaissance elle n'a jamais dû l'écouter (on l'aurait entendu aboyer j'vous dis) et je n'ai pas découvert cet album via le journal de TF1. Ni même en 95 d'ailleurs. En train, seulement 2h me séparait de Panaaaaaaam (désolé j'étais obligé... syndrome G(angsta) De La Tourette), mais faut croire que certains skeuds ne possédaient pas de carte 12-25 ans...
J'ai écouté "Dans Paris Nocturne" pour la première fois en 96 il me semble. C'était un pote à moi qu'avait piqué la k7 de son grand frère pour la ramener au collège, il faisait souvent ça. C'est d'ailleurs grâce à ces k7 volées que j'ai découvert "3 x Plus Efficace" . Et cette année, ces 2 là m'ont coutées une fortune en piles LR6 ! Mon pote se prennait souvent des branlées par son aîné à cause de ça, moi aussi d'ailleurs. Surtout pour cette k7 de TSN. D'après lui on était trop jeune, c'était un truc pour les grands... Mon cul ouais ! Moi aussi je regardais Sexy Zap (Tchi-tchaaa) et Tabatha Cash me filait la trique ! J'avais le droit... Non non... J'étais obligé même, d'écouter TSN. Je me suis vengé en achetant le CD : Va te faire foutre avec ta bande magnétique qui saute tout l'temps vieux con !


Au revoir le rap mélancolique de la grosse pomme, sur leurs tables de chevet, les disques estampillés Def Jam étaient balayés par ceux de Ruthless Records ou encore Death Row. L'influence Californienne est bien là ! Les "bitches" laissent place aux "tass", les "niggaz" aux "négros parigos" et les "G'z" aux "cailleras". Sans compter les 2 3 sirènes qu'on entendait par-ci par-là. "Plus fort que la bombe atomique, la bombe nucléaire ou la bombe à neutrons... La bombe noire !", et c'est vrai que c'était fort putain ! Une sorte de Ministere Ämer version Parisienne avec une touche de perversion à la Luke Skyywalker ou Too $hort. Car il est clair que le thème de prédilection de TSN était le sexe, et sous toutes ces formes ! Ou plutôt dans toutes les positions ! Sur combien de titres parlent-ils de cul ? Plus facile de compter ceux où ils n'en parlent pas ! Le summun étant atteint avec les titres "Goutamafonkybite" qui commence par l'introdutcion d'une jeune chatte dans une cage de chiens affamés, mais surtout avec "A Propos De Tass" samplant "Belles! Belles! Belles!" de la cocluche des Français Claude François. Haha la manière dont ce morceau démarre me fera éternellement marrer ! Dès que j'entends ce titre de Cloclo commencer dans des émissions de télé ou autres, je ne peux m'empêcher de le prolonger d'un énorme : "des tasspés des tasspés" !! J'pense pas être le seul dans ce cas si ? Ce titre c'est un pur instant de bonheur, et son interlude qui suit n'en est pas moins joussive ! Une anecdote comme on les aime avec une morale qui dressera plus d'un poil de chatte : "qu'elles soient blondes, brunes, rousses : elles sont toutes des tasspés"... Sauf nos mères bien sûr !


"Maiiiis, y a pas que le cul dans la vie !" répondront mesdames... C'est vrai, y a la fonsdé aussi ! Quand ça se passe comme dans "C' La Tuff" c'est cool, mais çà l'est déjà moins lorsqu'on se retrouve à gerber à genoux devant les chiottes après s'être fait passer un savon par la daronne ! On a tous connu ces soirées coupes-gorges où y en a un dans la bande qui, trop "F", se retrouve à foutre la merde et surtout NOUS fout dans la merde. Hé bah ce mec a ici le droit à son histoire en guise de single ! Obsédés par les tass, la défonce, les fêtes et le frique... Mais après tout, "ils sont comme ils sont". Ce qui ne les empêche pas d'aborder des thèmes plus sociaux tels que la justice malheureusement pas toujours juste mais résolument west (pas la justice hein, le son), la police avec ce morceau que n'aurait pas renié Eric Wright, se terminant par une outro toujours aussi délirante (ze TSN touch !), sans oublier la négritude. D'ailleurs si mes souvenirs sont bons, leurs affiches promo montraient le "nègre" emblême de la marque Banania, entouré d'un cercle rouge barré (pas loin de Kéry sur mon mur aussi). Le nom du groupe également : Tout Simplement Noir... Et quoi de plus ?


Ecoutez "Négro Parigo" ou encore "Le Peuple Noir" et vous comprendrez qu'ils sont bien fiers de leur couleur. A ce sujet je vais vous raconter une petite anecdote qui me vient de J'L-Tismé, ça fait ça : "c'était un soir je rentrais tranquillement de chez un pote..." Nooon pas celle-ci bande de vicelards ! C'était durant la tournée de l'album, leur manager leur avait booké quelques dates en Allemagne. Un soir ils se sont retrouvés pour faire un concert dans un club plein à craquer de skins ! 2 3 bouteilles cachées derrière les platines de DJ Guetifa pour se défendre au cas où, et ils commencèrent leur show se demandant quand l'attaque surgirait. Et en fait non, les skins allemands ça aiment le rap parisien, surtout quand ça se fait insulter dans les morceaux. C'est con un faf aussi... Y en a même un qu'est monté sur scène pour interpréter un "slam du 3° Reich" ! Ils sortirent tous saints et saufs, à vive allure quand même (on sait jamais), sautèrent dans la gova direction le prochain club pour un deuxième show... et là pas de bol, un repère de skins ! Le sort s'acharne. Mais ce coup-ci ils étaient trop occupés à jouer au billard et surtout moins nombreux.


"Ils terminèrent leurs jours heureux et eurent pleins de tasspés"... L'histoire aurait pu se finir ainsi, mais pendant la promo de leur second album, "Le Mal De La nuit", MC Bees quitta le groupe. Malgré çà, on attend désespéremment le 3ème album qui verra bel et bien voir le jour d'après mes infos ! Moi depuis, j'ai arreté de fréquenter des tass pour me foutre en couple et me retrouver du coup dans un appart' avec des bougies partout et des photos remplaçant mes affiches de TSN... Pas très caillera tout çà, mais que voulez-vous, on s'fait vieux...

(à noter que le CD comporte en fait 18 plages et non 15)

29 février, 2008

La famille s'agrandit, puis mourra...

Bien avant de tomber dans la marmite du rap, pour moi Boulogne-Billancourt c'était la ville à laquelle adresser ses lettres au club Dorothée. Perso j'l'ai jamais fait (c'est vrai merde lâchez-moi !) mais si le jour de son anniv' on voulait voir son nom défiler au générique de fin, c'est là qu'il fallait écrire. Ou plutôt s'inscrire moyennant quelques biftons il me semble, cette Dorothée perdait pas le nord ! C'est sans doute par frustration de ne jamais y avoir lu mon blaze que je me suis intéressé au "côté obscur" de cette ville des Hauts de Seine, faudrait que j'en parle à mon psy tiens...


Beat 2 Boul "Dans La Sono" (1997)
Beat 2 Boul / Socadisc


  1. Beat 2 Boul - Dans La Sono
  2. Mo'Vez Lang - Original Futur Style
  3. Malekal - Catch A L'arrière
  4. Lagonz Viv & Melopheelo - Paranoïa
  5. Sir Doum's - Je Lutte En Rimant
  6. Zoxea & Less' Du Neuf - Pas Assez Pour Le Futur
  7. Les Sages Poètes De La Rue - Va Tèj' Ton Gun


Pas si obscur que ça d'ailleurs. Tu voulais St Denis comme capitale du rap ? T'auras Boubou. Et si tu kiffes pas t'écoutes quand même et puis c'est tout ! Un vrai vivier de MC's. Rarement une ville de banlieue aura enfanté autant de rappeurs (connus entendons-nous bien, tes cousins qui rappent dans leurs chambres ne comptent pas) au mètre carré. Egalité avec Vitry ouais. Encore aujourd'hui parmi les "gros vendeurs" se trouvent 2 représentants de cette école : Booba & L.I.M. Tous deux ont plusieurs points communs : avoir eu Egosyst comme initiateur à l'art du MCing entre autre mais également le B2B. Le premier d'abord, qu'on ne présente plus. Autant de disques d'or au mur que de tatouages sur le corps. Le jeune Elie commença comme danseur pour Less' Du Neuf (hé oui à l'époque Less Du Neuf faisaient apparement danser !) puis pour le Coup D'Etat Phonik avant que Guégué ne le fasse entrer dans La Cliqua de manière plus ou moins officieuse. Une embrouille avec le Dad' plus tard, le voilà dans l'équipe du cousin de son mentor : Zoxea. Encore une fois ça n'a pas donné grand chose, une apparition sur un maxi des Sages et un album de Lunatic enregisté qui ne verra jamais le jour (on y croit encore ?). Le second maintenant. Son histoire avec Mo'vez Lang au sein du label des Poètes fût plus fructueuse : "poison juvénile" sur la compile à Jimmy Jay, des apparitions sur les 2 minis albums du crew et l'album "Héritiers De La Rue". Ce qui frappe à l'écoute du titre "Original Futur Style" c'est que dans le fond, le discours n'a jamais vraiment changé. Bien sûr l'ambiance est plus "relaxe" que ce qu'on entend maintenant de leur part, mais ils ont toujours été des p'tites racailles ! L.I.M. se démarquait déjà de ses camardes Cens Nino, Boulox Force, Kaiser & Furax de par sa voix rocailleuse perchée dans les aiguës et ses petits refrains chantonnés. Y a pas à dire ça avait de la gueule quand même, c'était "original" comme le précise le titre. C'était ce qui faisait la force des rappeurs d'antant...


En parlant d'originalité, la voix de Mala se place ici ! Tout l'inverse du p'tit salim, dans les graves. Malekal Morte... C'est quand même bizarre qu'ils n'aient pas quitté le navire avec Lunatic tiens. Eux qui ont toujours suivi Booba que ce soit chez J-P Seck (L.I.M aussi d'ailleurs officieusement) ou plus récemment 92I (merde L.I.M. aussi y était un temps je crois bien non ?) ou maintenant au sein de Tallac. Ben non, les mecs ont été fidèles jusque "Dans La Sono" en 2000. Et tant mieux pour nous, parce que quand Mala arrive avec un délire un peu fou c'est quand même mortel à écouter ! Le mec n'a même pas eu le temps de voir son titre dans les bacs qu'il attérissait en zonz (cf. les dédicasses). A cause du "célèbre braquage de taxi" avec B20 d'après mon pote Kiki. 10 piges qu'on attend l'album du bonhomme.


Dans la série découverte... Parce que c'est vrai que c'était avant tout ça le Beat 2 Boul, un moyen pour Les Sages de nous faire découvrir les nombreux talents qui arpentaient les rues de leur ville chérie. Je disais donc (la vache, v'là qu'j'me coupe la parole tout seul !), dans la série découverte, je voudrais le petit "Mamadou, Dou-mama, Doum's, Siiir Doum's !". Pour moi c'était assurement lui LA découverte de cet opus. Le fils caché de Pop Dan ? peut-être bien, en tout cas l'influence de "l'enfoiré le plus dingue de la planète" était saisissante. Parfois la même intonation, la même façon d'écrire... Et quand on sait le culte que je voue à Dany Dan haha ! M'en a pas fallu plus pour apprendre par coeur ce titre en le répétant devant ma glace (genre vous l'avez jamais fait !?). Lui aussi a fait parti de l'échappée chez 45 (de manière officieuse également) et 92I. J'ai été super déçu par son dernier projet (le premier même), je m'attendais à un truc dans la lignée de "Je Lutte En Rimant" et j'ai eu un truc dans un délire... euh... Pas comme ça quoi ! Dommage...


Lagonz Viv, on a plus jamais entendu parler d'elle, dans le milieu du rap tout au moins. C'était l'unique rappeuse et chanteuse Neo-Soul de la bande. De vous à moi j'suis pas super fan du titre. Elle ne rappe pas de manière exceptionnelle, chante plutôt pas mal, mais dans l'ensemble c'est un peu mou du g'noux ! Et c'est pas le 16 de Melo P. à la fin qui va me faire changer d'avis. C'est con ils étaient à un titre du sans faute. J'suis quand même sévère là, ça s'écoute tranquillement. C'est même bien meilleur que la moitié des trucs pourris qu'on nous bastonne toute le journée ! En plus la prod est pas mal, décidemment j'suis bien le sale con qu'on dit !


Mais quand on achetait un produit Beat 2 Boul, c'était surtout pour réentendre un petit peu les Sages Po' ! 4 titres sur 7 : c'est déjà pas mal. Mais malheureusement pas en trio à tous les coups. Parfois à 2 comme dans le titre d'introduction (Zox & Dan), seul : avec Less' Du Neuf pour Zozo ou Viv pour Melo, et enfin tous ensemble pour clôturer l'album. Comme à leur habitude les frères Kodjo se partagent les productions... Partage inégale en vrai : 5 à 1 pour le Zoxeakopat. Mmmmhhhh ça sent comme dans la cuisine de tonton Logilo ! Normal, il a été leur professeur et c'est d'ailleurs au Logil'home que les prises de voix effectuées dans le studio des Sages (le 92 Mic'Sages qui sera plus tard cambriolé ce qui leur coupera l'envie de continuer l'aventure collective) seront mixées. Ol'Tenzano produit également un titre, "Pas Assez Pour Le Futur" évidemment. Ce mec est trop sous-estimé... La prod est vraiment bandante ! Avec un Zo' égale à lui-même : en avance. D'ailleurs faut bien l'admettre, difficile pour "l'accroc au Dan" que je suis, mais sur "Va Tèj' Ton Gun" il met clairement à l'amende ses 2 partenaires. Avec ce petit refrain dont lui seul a le secret... Ce titre est l'antithèse du Gangsta Rap : ranges ton calibre et fais péter les fat laces ! Aujourd'hui on les traierait de "bobo du rap" pour ce genre de morceau...



Y a une réédition de l'album qui est sortie dernièrement (et un 3ème ep décevant), une réédition qui a nické le bizness de nombreux ebayers qui vendaient leurs copies "pour une poignée d'Euros conio". Je l'ai vu atteindre les 50€... ebay est un monde de sauvages ! L'école Beat 2 Boul n'est plus mais beaucoup de rappers ayant reçu des cours là-bas vendent toujours des cds : Booba en tête de file mais également Salif ou L.I.M. Beaucoup mais pas les professeurs eux-mêmes, injustement oubliés au panthéon du rap français par la nouvelle génération d'auditeurs. Pourtant ils continuent à sortir des disques (à quand le nouvel opus à 3 ?), mais les d'jeunes les boudent... Ils sont méchants les moins de 20 ans ! J'sais plus qui a dit : "celui qui n'a pas besoin d'écrire n'a pas le droit d'écrire"... Bon je vous laisse, je retourne "[lutter] en rimant" devant ma glace... "Paix et à plus" !

08 février, 2008

Première mission accomplie

Finalement je m'en tire bien, sur mes 5 albums de référence en rap français, Octopus a déjà pondu des articles sur 3 d'entre eux. Ce qui me met dans une position plutôt confortable lorsque dans les soirées B-Boys (comprendre "vieux cons") on me dit : "Yo Fizzle j'ai lu ton article sur Conçu pour durer...", je peux répondre tout simplement : "C'est pas moi c'est mon coloc blogger là, j'en aurais mieux parlé moi tu me connais !". Mais ce coup-ci il m'a mit la pression, je me retrouve au bout du plongeoir, impossible de reculer: je dois sauter dans le grand bain !



Ideal J "O'riginal MC's (sur une mission)" (1996)
Alariana / Label 60 / Night & Day

  1. Le Combat Continue
  2. Ghettolude I
  3. Je Dois Faire Du Cash
  4. Comme Personne Ne L'a...
  5. Le Ghetto Français
  6. Ghettolude II Histoire Vraie
  7. Show Bizness
  8. Uniquement Pour Les Miens
  9. Le Ghetto (remixé Par Yvan)
  10. Ghettolude III Fidèle Au Hip-Hop
  11. O'Riginal MC's
C'est toujours difficile de parler d'un de ses premiers amours. Ideal J, c'était une institution à l'époque où avec Ien-ien & Titou on enregistrait nos premiers 16 sur un petit magnétophone avec une instru en fond sonore. J'avais même la photo de Kery au-dessus de mon lit ! Haha ça fait un peu "Fan 2" avec le recul mais pour nous, il incarnait une sorte de Malcolm X des ghettos français. La comparaison est clairement abusée mais je l'assume, c'est mon côté excessif ! Le haut-parleur des cités si vous préférez...
"J'arrive avec le flow qui va causer des
dégâts". Bon ok, il n'avait pas le flow de Daddy Lord C, la technique de Dany Dan ou la plume d'Oxmo. C'est pas tant ça qui nous plaisait chez lui, mais plutôt ses qualités d'interprétation. Si le mec voulait que tu pleures : tu pleurais. Avec son côté pessimiste du style "j'en ai rien à branler si j'crève demain"... C'était incroyable, les mots qui sortaient de sa bouche auraient pu sortir de la mienne. Aujourd'hui encore un titre comme "Le Ghetto Français", avec sa superbe boucle volée aux Brecker Brothers, m'interpelle directement. Je ne peux pas m'empêcher de frissonner à chaque écoute (malgré son grand talent, Yvan n'arrive pas à nous sortir un remix surpassant l'original... ce qui est rarement le cas ceci dit) !
Ce titre, c'est ma vie, j'ai plein de souvenirs avec, bons ou mauvais d'ailleurs... Je me souviens qu'avec Momo (celui de la coursette oui) on l'écoutait souvent. Lui et moi, on était inséparables. On sortait avec 2 soeurs jumelles, elles avaient 3 ou 4 piges de plus que nous et des scooters : la classe ! "Tu veux connaître la pureté d'une amitié enfoiré ?" disait Alix dans ce morceau. Quelques années plus tard cet "ami" me donna gentiment à ces messieurs en bleu. "Amitié gâchée" chantait 3° Oeil... Je raconte encore ma life et je vais encore recevoir des mails de ce genre : "Franchement j'kiffe comment t'écris mais j'trouve qu'tu parles pas assez du cd. Retourne chez Dr. Melfi, Tony !". Mouais... En même temps je fais c'que je veux, n'est pas Monsieur Cachin qui veut !

1996 nouvelle année : nouvelle orientation. On est bien loin de leur première apparition sur l'album de Solaar et du maxi "La Vie Est Brutale". Nouvelle formation également, plus restreinte. Exit son copain rappeur Harry (Jessy Money) et Brahim Asloum euh... Selim Du 9.4 pardon, le danseur. Seuls l'Haïtien et son backeur Teddy Corona répondent présents. Deux membres originels auxquels viennent s'ajouter le jeune prodige DJ Mehdi. Au revoir l'underground mafia de Sully B. et place à celle plus racailleuse des kainfry sous la protection de leur mentor : Manu Key.
L'album sort donc chez Alariana, nouveau label créé pour l'occasion par des amis. On retrouve également un logo dont nous avons souvent vanté les mérites ici-même: Night & Day. Alors, gage de qualité ? Oui. "O'Riginal MC's" a toutes les caractéristiques du chef d'oeuvre: très peu de titres (dont 3 interludes et 1 remix) pour éviter l'indigestion, une production minimaliste à base de samples de jazz et de soul (et même de funk avec le groupe War) hyper soigné signé Mehdi et surtout un rap sans chichis, sans blabla...
Des thèmes universels : le quartier, la famille ou encore l'argent. Un album c'est forcément personnel, mais j'sais pas, celui-ci donnait l'impression d'être écrit avec des milliers de mains et pas seulement celles de son interprète. Pour moi, cet opus est un tournant dans l'histoire du rap français. Certains diront que c'est l'arrivée du rap de pleurnichard, que le mec se plaint tout l'temps... Et alors ? Kery crachait à la gueule de tout le monde les cicatrices de son entourage. C'est la naissance du rap de rue tel qu'on le connait aujourd'hui, le rap d'une génération désabusée, qui en a marre de souffrir en silence et se fout de danser sur les sons flingués du Sugar Hill Gang. Zappe la tronche de ce gros con de Charles Villeneuve de ton écran et insère ce CD dans ta chaine : bienvenue dans la réalité fiston !


Du côté d'Orly-Choisy-Vitry un album ne se faisant jamais seul, les membres d'Ideal J font appel à quelques un de leurs soldats sur le titre fustigeant le show-bizness : le tout jeune Kim Bad qui deviendra Rim-K au sein du 113, Different Teep sans Mista l'homme à la grosse voix, Yézi L'Escroc (qui d'après les bruits qui courent a décidé de juste devenir "L'Escroc") et le déjà très talentueux Rohff. D'ailleurs le mec sort carrément du lot en apportant sa p'tite touche au morceau, Kéry étonne également de par son flow renouant avec son premier amour : le ragga. C'est le titre le plus "cool" de l'album, car le reste de l'opus tend comme un string la France conservatrice. Celle-là même qui verra 10 ans plus tard ses enfants porter des t-shirts à l'effigie de la clique. Nous, c'était plutôt Air Max / 501 / cuir. Ca blaguait pas !

C'était aussi difficile d'acheter un skeud à la FNAC que de garder sa casquette croco plus d'une semaine. "Demande à la FNAC, toujours nos CDs qu'on vole" a dit Rohff, c'est très égocentrique (m'enfin bon on connait le bonhomme), mais certainement aussi très vrai. Quand t'allais acheter un skeud là-bas, fallait guêter d'abord à gauche, à droite, et un p'tit coup derrière pour être sûr qu'aucun mec t'ait vu pour ensuite te le braquer à la sortie du magasin ! Bah ouais... Et si jamais ça t'es déjà arrivé : lâche un com, avec un peu de chance je te rendrais ce que je t'ai pris dans les années 90...

29 janvier, 2008

Achète le maxi t'auras le remix en bonus


X-Men "J'Attaque Du Mike" (1996)
Time Bomb Records
- Face A
1. X-Men - J'Attaque Du Mike (Version LP) (Prod : Black-Tom Cassidy)
2. X-Men - J'Attaque Du Mix (Version Remix) (Prod : Ke-C!)
3. X-Men - J'Attaque Du Mike (Instrumental)
- Face B
1. Diable Rouge - L'Homme Que L'On Nomme Diable Rouge (Version Originale) (Prod : Ke-C!)
2. Diable Rouge, Kassim, Kamal, Pit, Ziko, Booba, Ali, Cassidy, Hill-G & Hi-Fi - Time Bomb Explose... (Prod : DJ Mars)
3. Diable Rouge - L'Homme Que L'On Nomme Diable Rouge (Instrumental)
4. X-Men - J'Attaque Du Mix (Instrumental)

Time Bomb... Je suis un peu passé à coté à l'époque, la faute à ma banlieue qui était trop loin des émetteurs de certaines radios spé. J'arrivais pas à capter bien comme il fallait pour pouvoir écouter les freestyles radio de cette clique là même si quelques K7 tournaient à l'époque. Mais bon, on le savait tous : les X-Men, Oxmo Puccino, Lunatic, c'était mortel en freestyle.

A l'époque d'ailleurs, les X s'appelaient encore les X-Men et ils étaient trois : Hill-G (Gilles de son prénom, devenu Ill depuis), Cassidy et Hi-Fi (aujourd'hui en solo). En matière de freestyle, Ill était dans d'autres sphères, frôlant souvent l'abstraction mais avec tellement de style et de classe qu'on ne pouvait qu'en tomber accro... codile (j'ai pas pu m'en empêcher).
Et avec ce premier essai, c'est le carton plein. La quintessence du flow, une claque définitive pour tous les auditeurs de l'époque et la naissance d'une école dont l'influence commence seulement à faiblir aujourd'hui (à mon grand désespoir) : "textuellement parlant, le X-Men aime faire des enfants" comme le chante Cass' du "J'attaque Du Mic". Ill a toujours été cité comme référence en matière de flow par ses congénères mais Hi-Fi faisait également partie du haut du panier (ses maxis avec Leslie une fois parti en solo étaient de haute volée... j'ai un peu décroché quand il a signé chez 45 Scientific mais je crois que je décrochais du rap français tout court à cette époque). Cassidy, le pauvre, a toujours un peu souffert de la comparaison avec ses camarades mutants et j'ai toujours trouvé les gens un peu durs avec lui : je suis dingue de son couplet sur "L'invicible Armada" (faut que je vous en parle de celle-là aussi bordel)... "C'est Cassidy qui t'cause, finie la pause Kit Kat" raaaah ça me rendait dingue.

Seulement deux titres et le trio confirme tout le mal qu'il faisait à la concurrence. Sur une prod douce et enjouée, la mission des MCs estampillés du X qui consiste à attaquer le mic est plus que réussie. D'ailleurs, c'est marrant d'avoir choisi un titre aussi "agressif" alors qu'il est tout en mélodie et en technique (et j'ai presque envie de dire délicatesse). Et tout ça en parlant de leur réalité de lascar parisien, un exercice trop difficile pour les MCs en 2008 ?
"Donc voici Hill-G, strike une fois d'plus", ça attaque du mix après avoir plié le mic. Pas un remix, plus un part.2 minimaliste porté par l'alliance d'un gimmick de saxo discret et d'un beat dur et métronomique. Bien inspiré celui qui serait capable de dire quelle version l'emporte sur l'autre, du grand art dans les deux cas.

Forcément, "l''histoire" ne retient que les titres des X-Men mais chez moi, le titre de Diable Rouge a une saveur particulière. Encore une découverte partagée avec l'ami DJ Curtis : avant d'avoir ce maxi, on se passait en boucle le premier couplet de "L'homme que l'on nomme..." dispo sur la (finalement décevante) compile "Time Bomb". "En direct de Gy-cer... St Christophe pour ceux qui savent pas !". Pour les petits Conflanais que nous étions, Cergy, c'était "chez nous", ça représentait notre coin et c'était suffisamment rare à l'époque (et toujours aujourd'hui) pour qu'on en soit contents ! On découvrait le MC de LSO et même si son couplet n'était objectivement pas fantastique, on l'a bouffé en boucle : encore aujourd'hui je suis capable de le sortir d'une traite... La prod sombre et inquiétante, la voix grave de Trickpa, on s'est pété la nuque là dessus. Alors là, avec la version complète (on a été déstabilisé par les dédicaces légèrement différentes, c'est dire si on l'a saigné sur la compile), on est super guez.
A force de le saigner chez Loïc, il me le fallait ce maxi bordel... Donc mission Chatelet, direction LTD sa plage, ses cocotiers. Je sors de la boutique tout content avec mon sac plastique quand soudain, tatatin (comme la tarte), un renoi tout de rouge vêtu (jogging, béret mais pas baskets), un gros feuilles-deux au bec qui passe devant nous. Merde ! On mate la pochette du skeud (la version vinyle a une double cover : d'un coté, en bleu, les X-Men, de l'autre en rouge forcément, DR) : c'est bien lui ! Que faire ? Pas habitué pour un sou à accoster des rappeurs dans la rue à l'époque, encore moins pour leur demander de me signer mon vinyle et pas rassuré par mes 14 ou 15 printemps, j'hésite. Loïc lui se dégonfle complètement et tente de me décourager. Finalement, je me décide et c'est un Diable Rouge raide déchiré qui me signe super gentiment (et avec surprise) mon maxi. Un carnage d'ailleurs, le titre de son morceau devient, avec le marqueur (rouge) qu'il a réussi à trouver "L'homme que l'on nom". Je crois que Loïc est encore jaloux de ça aujourd'hui ahah ! Je suis content de ma pièce de collec' même si DR c'est pas les X-Men.

C'est quand même un des maxis les plus dingues du rap français ce 4 titres. Deux classiques (les titres des X) et la première et seule trace discographique officielle du crew Time Bomb au complet. "Time Bomb Explose". Prod minimaliste dans la lignée des "J'attaque..." sur laquelle se succèdent la crème du freestyle de l'époque : Diable Rouge, les Jedi Kassim et Kamal (futurs Ghett' Dip), Pit (pas encore Baccardi), Ziko (La Brigade), Ali et Booba (Lunatic). Rien que ça. A chaque fois que je réécoute ce titre, je me dis que l'apparition de Ziko est vraiment trop courte, la figure de proue des 12 brigadiers faisait vraiment partie du haut du panier à l'époque, un des mecs les plus sous-estimés...
"C'est les Lunatic connard écoute les bitchs crier / Booba + A.L.I. microphone premier / trier les bons sur Time Bomb / Les faux sont mis d'coté / C'est d'la bombe boy, 'peut pas boycotter" : Booba commençait les traumatismes. J'ai du rendre ma mère dingue à me remettre son couplet 20 fois de suite à fond dans ma chambre. N'empêche, ça m'amuse pas mal de voir les gens qui trouvent que Booba se perd, qu'il change de discours, etc... Merde les mecs, depuis "Tout Le Monde Dans La Ronde" (sur le maxi de remix de "Amoureux D'une Enigme" des Sages Po), celui qui n'était pas encore le Météore parlait de fric, de tass et de plier la concurrence avec toujours ce lien presque viscéral au bitume...
Bref, juste (encore) un petit classique. Trois sur la même galette, qui dit mieux ?

Bon alors après, oui, les X-Men ont perdu Hi-Fi, ont perdu le "Men" pour éviter les emmerdes avec Marvel et ont enregistré un "Jeunes, Coupables et Libres" assez décevant (tiens, d'ailleurs, ils l'avaient enregistré au Studio Bonzaï à Colombes à quelques mètres de là où j'ai passé mes 6 premières années, chez un ami de mes parents). Oui, Ill n'a plus jamais été aussi fort (alors que Cass' a gagné en puissance). Mais quand même, aussi décevante la suite de leur parcours a-t-elle pu être, je pense qu'il y a un paquet de MCs qui aimeraient avoir marqué le rap français comme ces trois là l'ont fait.

17 janvier, 2008

Perry Ellis, la saga continue...

Quand Octopus m'a proposé d'écrire avec lui pour le blog je me suis dit : pourquoi pas ? C'est l'occasion de se remémorer de bons vieux souvenirs. Et justement, après avoir écrit un billet (c'est comme ça qu'on dit en langage blogger non ?) sur la compilation "L432", j'ai repensé à ces fameuses Perry Ellis.




Vous vous souvenez de mon pote qui revenait des States avec? Il s'appelait Clément. Il était arrivé dans ma classe en 1997, c'était le "petit nouveau". Moi-même, ayant fait 4 collèges, j'étais pas très "ancien" non plus dans celui-ci. Deux ans j'y ai passé, mon record ! Quoiqu'il en soit, Clément était un vrai fils de riches, pas un fils de riches genre "putain ils ont une voiture neuve !", mais plus dans le style "putain ils ont 2 voitures neuves !!". Riche au point que son grand frère osait mélanger le Nutella à du Camembert dans ses sandwiches ! Quel gâchis… Mais on l'a vite fait entrer dans notre équipe car il était cool, du moins avant qu'il essaye de galocher ma zouz sous un tunnel ferroviaire pendant que je me faisais courser par les condés avec mon pote Momo (on reparlera de lui un jour). Encore une folle journée !


Quand on avait pas cours (ou pas envie d'y aller, "comme ma mère peut m'écouter pour toi je tchatche cool"), on allait chez lui pour se mettre à l'envers et faire nos histoires avec des zoulettes. Mais surtout pour y écouter du son. Il avait une chaine hi-fi INCROYABLE ! Quand on mettait le son à fond, les murs tremblaient. "Ma parole" comme disait Dan ! Quasiment tous les jours en sortant du bahut, c'était direction la FNAC. L'enculé, il avait un scooter (un vrai bolide pour l'époque, le célèbre Nitro) alors Tonio et moi on le rejoignait à pieds là-bas… Et un jour en écoute à une borne, y avait ce fameux CD d'Afro Jazz, "Afrocalypse". On avait déjà un peu entendu parler d'eux via la mix-tape de Cut Killer sortie en 95 (que j'ai mieux écouté par la suite) et leur maxi en 96, mais c'est grâce à "L432" qu'on a vraiment prêté attention à ce groupe.


Alors en voyant cette pochette légèrement surréaliste pour l'époque (wesh l'hélicoptère derrière), on s'est jeté dessus pour l'écouter. Seulement deux casques par borne, dégage Clément ! Ça a était très vite : 5 minutes d'écoute et 120 balles de plus dans les caisses de la FNAC ! 240 plutôt, Clément en avait prit un également.



Afro Jazz "Afrocalypse" (1997)
Island


  1. Intro
  2. Représente
  3. Afrocalypse
  4. La Téci
  5. Guerre Des Nerfs (Feat Suprême NTM & Lucien aka Papalu)
  6. Pénélope
  7. Sucker MC (Feat André "Doc"/Syd)
  8. Mystic (Feat Macka)
  9. Interlude
  10. Strickly Hip Hop (Feat Ol' Dirty Bastard du Wu-Tang Clan)
  11. Paria VS Etat (Feat Lucien aka Papalu)
  12. Pas Vu, Pas Pris
  13. You Can't Stop (Feat Big Red de Raggasonic)
  14. Glou-Glou Play
  15. Sacerdoce
  16. Phrasé
  17. Outro


Direction chez lui, en bus pour nous : nouvelles amendes, fausses adresses données aux contrôleurs (merci les cartes étudiantes bidons), en scooter pour l'autre privilégié. J'insère le CD dans sa putain de chaine et boum ! Nouvelle claque dans la ganache : "Représente". J'ai jamais vraiment été fan de NTM (qu'on retrouve ici en featuring sur le titre "Guerre des nerfs" avec Lucien alias MC Papalu), j'ai toujours trouvé Kool Shen un peu rincé (insultez moi j'adore ça !), mais faut bien dire que leurs "poulains" avaient prit le bon côté du groupe, le côté de Joey quoi ! D'ailleurs c'était surtout ses protégés à lui. Non pas qu'ils gueulaient dans le micro façon Jaguar Gorgone mais Daddy Jokno, Jaeyez et Robo avaient réussi à capter cette énergie.L'album sonnait super cainri pour l'époque, bien plus que leurs concurrents et c'était clairement revendiqué. Y a qu'à les voir sur la pochette, leur dégaine tout droit sortie de Brooklyn façon BCC : boots Fubu, baggys jeans, veste camouflage et blunts à la main. Un délire assumé jusqu'au bout puisque des producteurs américains de renoms (Da Beatminerz, Buckwild et Diamond D) côtoient les Français de la "
maison mère" : DJ Spank, DJ Clyde (ex-Assassin), DJ Max, Joey ou encore le "undergound hero", Daddy Jokno lui-même. Ne manquaient plus que les invités vedettes NTM, le déjanté du Wu-Tang Ol' Dirty Bastard (RIP) ou encore Big Red pour assurer correctement le buzz de cet opus.

Un casting de rêve en partie dû à une signature sur la major Island alors dirigée par le manager de NTM, Terror Seb. Sans doute la raison pour laquelle on les retrouvait sur "L432" sortie quelques temps auparavant sur le même label (merci Seb, qui au passage, plaça sa femme Lady Laistee ou encore Polo). C'était la minute mauvaise langue mais il est clair et net que les membres d'AJ ne manquaient pas de talent. Leur single avec le sale vieux bâtard de Brooklyn était monstrueux !
Je ne me rappelle plus si le clip avait commencé à être diffusé avant ou après la sortie de l'album mais je me souviens qu'il tournait pas mal sur M6 à l'époque. La nuit ok, mais quand même ! Merci Seb… Voilà que ça me reprend ! Tonio et moi, on passait nos nuits fonsdés à écouter nos vieilles K7 qui sautaient toujours au mauvais moment (pas les vôtres ?) et à mater des clips. Celui-ci nous faisait bien kiffer ! C'était pas à la même période que le one-hit wonder québécois KC LMNOP chantait "Ta yeule ! Vis tas vie pis reste en vie" ?


Mais là je m'égare et me rend compte que je n'ai pas vraiment parlé de l'album en lui-même… Bon il faut l'admettre, c'est loin d'être un classique au sens propre du terme. Néanmoins, il a quand même longtemps squatté mon lecteur.
Dix ou onze ans plus tard, je trouve qu'il a bien vieilli, bien mieux que certains de ses collègues. Le fait que l'album ait été enregistré sur NYC y est pour beaucoup je pense. On y ressent la crasse propre aux rues de la grosse pomme, mais version 77-93 ("

de Brooklyn, Aulnay à Melun"). Pas de concession ici, tout le monde en prend pour son grade : l'état, les salopes, les rappeurs en carton… Ça parle de prise de conscience de la jeunesse banlieusarde ou du réveil du peuple noir face à l'oppression. Une chose est sure : c'est ghetto !

Les MCs de l'hexagone ont toujours eu du mal à mélanger Hip-Hop et street : t'étais un scarla ou un zulu. Moi j'ai l'impression que les membres d'Afro Jazz étaient fiers d'être les deux même s'ils se considéraient "strictly Hip-Hop". Mais tout ça, Tonio et moi on s'en foutait, c'qu'on aimait c'était leurs flows qui se mariaient à la perfection et leurs 3 voix imposantes… A l'époque, les cordes vocales musclées c'était bonnard ! Les prods faisaient plaisir à entendre aussi, en pleine suprématie des violons et leurs copains pianos, sampler de la soul et du jazz était un parie risqué.


J'sais pas si l'album s'est bien vendu, en tout cas nous ce jour là, on en avait prit deux. Et tant pis s'il me manquait 100 balles pour une paire de Perry Ellis…

06 décembre, 2007

Le temps des Perry Ellis

Nous sommes en juin 1997. L’époque où dans ma rue ça portait des ensembles Pelle Pelle avec de Perry Ellis aux pieds ! Oh merde ! Perry Ellis ! Vous connaissez ? Cette année là, un de mes potes avait passé ses vacances aux States. Quand il est revenu, il portait un ensemble Fila bleu, blanc et orange comme t’en as jamais dicave par chez nous ! Et aux pieds, il avait ces fameuses shoes. Une paire de chaussures qui ressemblaient un peu aux Stan Smith mais c’était pas pareil... C’était plus cainri ! Il en a pas fallu plus pour que le petit shop du coin se fasse harceler par tous les B-boys de la ville, l’obligeant à en commander pour tout le monde ! Et c’est au cours de cette grande époque pour la mode que le label Island sort une compilation au nom un peu étrange, L432.

L 432 (1997)
Island Records


01. La roue tourne - Expression Direkt
02. Les vrais le savent - Lunatic
03. La monnaie blesse - Polo
04. Rimes et chatiments - Ärsenik
05. Pucc Fiction - Oxmo Puccino & Booba
06. 3 Spliffs et 1 freestyle - Afro Jazz & Lucien
07. Cash Remix - Ideal J
08. La parole est mienne - Casey
09. La d'ou l'on vient - La Squadra
10. 3'30 pour un freestyle - Ekoue / Polo & Casey
11. Le Zedou - Busta Flex
12. L'impact net - Lady Laistee
13. La method - Emmigrands
14. Il boit pas...- Expression Direkt & Abuz
15. Afro Jazz - Afro Jazz

Inutile de chercher un rapport entre le contenu du cd et les quelques lignes inscrites en rouge sur la pochette rappelant ce qu’est cet article du code pénal, il n’y en a pas ! Médisant et grognon que je suis, je dirais qu’on surfe ici sur la méchante vague Hostile qui a déferlait sur le rap français un an auparavant !
Mais, comme dirait Kennedy, "nique sa mère" ! A l’époque, on en avait rien à foutre de tout ça ! Si la qualité était au rendez-vous, les biftons sortaient ! Qui se souciait de savoir si les X-Men pendaient réellement les traîtres ou si Lunatic était un groupe de tireurs fous ?? Personne ! T’avais du flow, du style, on t’écoutait ! Mais la je m’écarte du sujet et prouve aux détracteurs que ces articles sont écrits par 2 vieux cons... Et c’est vrai !

Premier titre première balle ! "La roue tourne". Expression Direkt (soit Kertra, Delta, Weedy et Tintin alias Le T.I.N.), groupe mythique de Mantes La jolie, qui jusqu’ici n’a sorti que des albums (le premier épisode de "Guet-Apens" étant l’exception) bien en dessous de leur énorme potentiel, il faut bien l’admettre ! Si Express D. avait eu la chance de sortir son premier album à l’époque de ce titre et de ses autres classiques du genre de "Dealer pour survivre" ou "Mon esprit part en c…", nulle doute qu’un article aurait figuré ici ! Une prod un brin influencée "west" de Rude Lion, l’Eskwad en renfort (Weedy & le T.I.N.) et Judy au refrain… Que demande le peuple ? On les retrouve également sur la plage 14 avec Abuz sur une prod du grand Mysta D., accessoirement frère de Tepa des Spécialistes. Voilà une combinaison qui a toujours fonctionné, à tel point qu’ils auraient pu se rebaptiser Express D.Abuz ! Que ce soit sur "Guet-apens" ou "L’invincible armada", c’est toujours un plaisir d’écouter cette association. Abuz fait également partie des oubliés du rap français malgré un flow hors du commun. Il n’aura jamais la reconnaissance qu’il aurait du recevoir et depuis s’est lancé dans une espèce
de porno-music sous le pseudo de Ricardo Malone. Les auditeurs sont parfois cruels…

Comment présenter le groupe qui suit... Lunatic ce n’est finalement que deux titres en 1996 et 1997 et un album qui arrivera quelques années plus tard. Deux titres d’anthologie qui ont tenu en haleine tout le microcosme Hip-Hop ! Oui je sais il y a également eu "Tout le monde dans la ronde" avec les Sages Po’, les freestyles et le maxi avec Time Bomb mais il faut bien le reconnaître, ce qui a fait l’histoire de ce groupe météore ce sont bien ces deux titres. Je parle évidemment des morceaux "Le crime paie" présent sur Hostile et "Les vrais savent" qui apparaît sur celle-ci donc. (encore cette compile !)

Booba, Ali. Le premier de Boulogne, le second d’Issy. Ali la tête, Booba les jambes diront certains ! Jaloux ! A l’époque, c’est grâce à vos langues que le monsieur avait les fesses propres, notamment pour des titres comme "Pucc’ fiction" que l’on retrouve ici. Un casting à la "Heat", un scénario à la Scorcese sur une prod magnifiquement réalisée par Monsieur DJ Mars. Y’a pas grand-chose à raconter la dessus : Ox’ est un story-teller des plus talentueux et Boobs le petit grain de sel qu’il fallait. A l’origine, cette instru était destinée à accueillir les lyrics du "Crime paie". Bien en a pris à Mars de travailler sur celle-ci un soir avec B2o ! Qu’auraient donné ces deux chansons sans les prods auxquelles on les associe ?

Avant d’être celui qu’il est aujourd’hui, Booba est passé par la plupart des grandes équipes de son époque, de manière officielle ou officieuse : danseur pour le Coup d’Etat Phonique (je crois même que c’est Guégué qui l’incita à rapper), recrue discrète du Beat 2 Boul, C2 La Balle de Ziko (ex-Brigadier), Time Bomb et 45 Scientific pour finir. Les fans pleurent ce groupe qui ne se reformera JAMAIS et espèrent toujours que les bandes de leur album mort né de l’époque Beat 2 Boul refassent surface !

Après Lunatic, deux noms qu’on avait déjà pu lire sur le back d’Hostile. Polo et Ärsenik. A l’époque, des rappeurs, y en avait pas encore 50 par bâtiment donc fatalement, les tracklistings se ressemblaient. Mais qui va se plaindre d’entendre trop de bons titres ?? "Polo ? C’est qui ?". Si t’as moins de 20 piges je te pardonne. Polo c’est un seul et unique maxi, "Panne sèche", l’un des titres phare de la compilation du petit label à la grenade. "La monnaie blesse" sur celle-ci est un très bon morceau mais loin d’égaler "Panne sèche" avec son refrain catchy qui fit sa gloire et ce, malgré une jolie prod signée Dj Clyde & Max. Et puis plus rien ! Disparition du bonhomme ! Enfin presque. "3’30 pour un freestyle" ou comment remplir un tracklisting l’air de rien. Je n’ai pas vraiment envie de parler de ce titre. Ekoué est un très grand MC, son flow unique proche du parlé est un de ses atouts car bien évidemment, Ekoué c’est avant tout la conscience politique du rap français au sein de La Rumeur, raison pour laquelle l’utiliser uniquement pour un freestyle me fout en l’air !
Bref passons aux gars du 6ème Chaudron...
Il y a 10 ans, Villiers-le-bel brûlait déjà sur une instru démoniaque signée Djimi Finger accompagné de deux pyromanes nommés Lino & Calbo. "Rimes et châtiments" est dans la lignée de ce qu’Ärsenik avait livré précédemment : sombre, "sponsorisé par les pompes funèbres" tout comme l’étaient "Ball-trap" ("L’art d’utiliser son savoir") et "L’enfer remonte à la surface" (encore et toujours "Hostile" !). De la punchline en veux-tu en voilà ! Les frangins revinrent quelques temps après épaulés par le Secteur Ä, pour sortir un album complètement différent de ces 3 titres mais qui n’en fut pas moins un classique qui se transforma directement en B.O. des cités françaises ! Depuis, Lino, resté parmi les rappeurs favoris de ton rappeur favori, nous à quand même déçu en solo, sans parler du second effort du duo qui est carrément passé la trappe. On attend quand même impatiemment le troisième parce qu’on les aime bien et puis sans eux, qui connaîtrait René Lacoste hein!?


Joeystarr est aux manettes et donne également de la voix sur un titre. Normal, Afro Jazz c’est un peu ses poulains. Durant son histoire, NTM a "pistonné" deux groupes, Afro Jazz donc, et leurs propres backers les Psykopat. Revenons vite à AJ tellement je trouve faibles les P.S.Y.K.O ! "3 spliffs et 1 freestyle" est un titre décevant venant d’eux. Bien que la musique signée Lucien soit intéressante, les lyrics sont vraiment moyens. Heureusement que plus loin "Afro Jazz" nous rassure. Ce titre présent sur leur maxi éponyme est un pur égotrip, un exercice de style et de flow à la Wu-Tang dans la lignée de ce que vont donner par la suite Daddy Jokno, Jah Eyez et Robo avec "Afrocalypse" la même année. Deux ans plus tard, alors amputés de Jokno, les deux larrons nous balanceront dans les bacs un "AJ-1" bien décevant.

"Un jour j’ai dis et si Dieu veut tu verras, je l’enverrai au deblé faire ses beaux jours dans une villa y’a quoi !?". Kery James, Kery James... Tu m’as tellement déçu. Heureusement qu’il reste des titres comme "Cash remix" derrière toi. A l’époque, DJ Mehdi était l’un des meilleurs beatmakers de France ! Cette mélancolie qui se dégageait des morceaux produit pour la Mafia était fabuleuse, du Mobb Deep à la française ! Tout ceux qui ont connu les débuts de Different Teep ( wesh Lil’Jahson t’es où ?) ou Idéal J ne peuvent me contredire. Depuis Mehdi s’est mis à l’électro (mouais) et Kery bah... On sait pas trop ! Depuis la mort de Las Montana (membre d’Intouchable, groupe apparemment maudit qui se fera également arracher Mamad quelques années plus tard) durant la tournée du classique "Le combat continue", c’est un jour "J’vais pas leur dire c’qu’ils veulent entendre", le lendemain ça balance des "thuuuug life" et prend des poses de voyous. Et aujourd’hui Monsieur ose prétendre qu’on ne le soutient plus, nous les anciens auditeurs d’Idéal Juice parce qu’on est mauvais et jaloux ! Mec, pose-toi la question une seconde : c’est pas parce que t’aurais pas un peu régressé ?

A eux deux, Rocca et Daddy Lord C forment La Squadra, noyau dur du légendaire groupe La Cliqua. L’un des groupes, avec le Ministère Ämer les plus indignement oubliés par la nouvelle mais également l’ancienne génération de rappeurs et auditeurs. Ce titre, comme tous les autres de l’époque, est une bombe ! Normal, Lumumba quoi ! Suis-je impartial ? Nan, fan ! Même pas honte en plus ! "Là d’où [ils viennent] Dieu n’a pas mis les pieds". Sûrement. Mais forcé de constater que si Dieu n’y a pas foutu une patte, la fée du Hip-Hop a du se pencher tellement sur leur berceau quand ils étaient bébés qu’elle y est tombée ! La Cliqua, c’était 10 ans d’avance niveau flow.

Et justement, s’il existait une école du flow en France, Busta Flex en serait l’un des principaux enseignants. Il faut dire qu’il a été à bonne école avec Lone. Alors quand 3’37 après la fin du morceau de La Cliqua (comme ça on évite de passer par la plage 10), Flex Baba compare son album à un zedou sur une prod de ce dernier, on se prend une méchante gifle dans la face et on attend avec impatience que le dealer du coin nommé FNAC nous le bicrave ! Je me souviens qu’à l’époque sa promo se faisait via des k7 audio sur lesquelles figuraient uniquement le single "J’fais mon job à plein temps". On s’fait vieux...

Deux artistes féminins sur une même compilation : pour l’époque c’était beaucoup ! Aujourd’hui encore en y réfléchissant...

D’abord Casey, la meuf de Dooeen Damage, le label de l’ex Requin Vicieux Maurice et de B-Love, à qui personne n’oserait foutre la main au cul ! Une vraie caillera ! Un bonhomme en string mais aussi l’une des meilleures rappeuses françaises. C’est vrai qu’en même temps, on les compte sur les doigts de la main. Elle fut invitée par NTM sur leur dernier album, invitation qu’elle déclina car ne venant pas directement d’un des membres il me semble. La classe quand même ! Ce n’est qu’en 2006 qu’on put la retrouver sur un long format, toujours chez DD. La femme est de nature fidèle ! Haha !
La mygale ensuite... On a affaire ici à l’un des seuls titres corrects de la Lady ! Son premier album (le second n’ayant pas le droit de citer chez moi) étant une merde sans nom. Bam ! Et non je ne suis pas misogyne Mesdames, juste un fin connaisseur et un auditeur exigeant !

Ah j’ai pas parlé du titre des Franco-Américains Emmigrands ! Donc... Personne me paye pour écrire ici, pourquoi parler de ce que je n’aime pas alors ? Héhé ! Non sérieusement, y’a rien de spécial dans ce morceau. Pas mauvais mais banal, noyé parmi des classiques. Et puis le franglais m’a toujours fait chier. K-Maro n’a rien arrangé à ça ! Oh je vous vois venir, je ne mélange pas les torchons et les serviettes, je détends mes lecteurs après une review peut-être ennuyeuse ! Non ? Merci !

1997 – 2007. Ca fait long. Malgré ça, la plupart des morceaux n’ont pas prit une ride, contrairement à moi qui collectionne les cheveux blancs bien que je n’ai toujours pas soufflé ma 25ème bougie. L432 est une compilation qui a marqué son époque, avec, il est vrai, moins d’impact que ses grandes sœurs "Hostile", "Invasion" ou encore "L'Invincible Armada" (album de producteur on dit aujourd’hui). Néanmoins, toute personne se réclamant fan de rap français se doit d’en posséder un exemplaire ! A bon entendeur...