28 février, 2006

Hip Hop Vibes a de jolies jambes

VA "Hip Hop Vibes" (1996)
Night & Day
1. DJ Yves - Haute Tension
2. 3 Coups - Miroir
3. E.K-Tomb - Piège
4. Dontcha Flex - Je T'Epate
5. Puzzle - Venu Des Souterrains
6. Coos J. Mwapa - Mission Accomplie
7. Gued-1 - Gued-1 Elite
8. MAG - Aucune Chance
9. Malédiction du Nord - Juste Bon Pour Le Sacrifice
10. Jazzywill & Bamboo - Icognito
11. Sefaket Kurk - Couteau A Double Tranchant
12. Mic Xeno - Insomniak
13. Art Syndrom - Mal A La Tête
14. Ad'Hoc-1 - Criminalité
15. Res.K-P - Fais-Toi Plaisir
A l'époque, j'avais toujours un oeil sur les sorties Night & Day (y a comme de la redite) et je traquais toutes les apparitions de la Cliqua et du Ménage A 3. D'ailleurs, ça m'a poussé à acheter certains trucs parfaitement horribles du genre la compile "Pax Mafiosa" dont je n'ose même pas remettre le disque dans ma chaîne. Mais pour le coup, "Hip Hop Vibes" compilation instiguée par Lord Killer avec la collaboration du label Phat Crats et le soutien du SAN d'Evry contenait quelques trucs sympas et servait de support à la première apparition de certains qui feront un bout de chemin.

On va la faire rapide, sur les 15 titres, y en a pas la moitié à retenir. Puzzle n'ont pas encore le coté carré qui fera leur succès (d'estime) quelques temps plus tard, Coos J. et Mwapa ne rappent pas franchement bien et le délire "black pro" est un peu limite, la prod du morceau de MAG est cacophonique, le titre Jazzywill & Bamboo est génant de wannabisme, etc...

Du coup, obligé de se retourner vraiment sur la raison première de l'achat et tant pis pour les surprises (ou presque). Pas de 2Bal' Niggets pour le coup mais les 3 Coups, Ad'Hoc-1 et les Gued-1. Ces derniers, on les a quasimment jamais entendu d'ailleurs... à juste titre quelque part puisque "Gued-1 Elite" (produit par DJ Fun) est encore super light. On retrouve quelques quelques gimmicks déjà entendus sur la tape de Cut mais comparés à Ad'Hoc-1 par exemple, ça tient pas la route.
Les Ad'Hoc font bien plaisir d'ailleurs, avec un titre dans la droite lignée de "Ad'Hoc Mène La Barre". Philo et Mah-Jong ont la pêche, c'est un vrai duo où chacun intervient pendant les couplets de l'autre et il avait un certain pour le refrain qui reste dans le crâne.
Ce sont eux qui assurent l'intro du morceau des 3 Coups, un morceau assez classique de Mr. R et Lyon S (comprendre Mr. R en fait trop et Lyon S a une putain de voix). Pas franchement indispensable mais les apparitions du duo sont rares et puis y a une grosse part de nostalgie.

Dans la famille du Ménage A 3, je voudrais les deux fêlées morbides D. Maxxi (alias "The Grave Digga", tout un programme) et D. Abless d'E.K-Tomb. Alors là, c'était un peu la révélation pour moi. Ok c'est super forcé dans le délire "on prend des voix d'outre-tombe" mais merde, elles assuraient les deux. Je sais pas, j'ai toujours eu de l'affection pour elles même si clairement, c'est too much. Et puis ça me rappelle un tournoi de volley à l'héliport de je sais plus où à coté de Paris, le walkman vissé sur les oreilles, le soleil qui cogne, Fanny et Clémentine avec leur petit short...

Dans un délire assez proche, La Malédiction du Nord faisait une apparition remarquée ("J'ai pissé dans l'saint Graal, baptisée dans la 8.6. la Malédiction du Nord ramène le 666"). Bouuuuh attention on fait de l'horrorcore ! Impossible à réécouter ce titre en fait. Pourtant il faisait bien parler de lui à l'époque. Je sais plus s'il était sur leur EP, un vinyle qui m'a toujours fait rêver parce qu'il était violet transparent (comme celui de la Cliqua que je me bouffe encore les couilles de pas avoir acheté à l'époque... tout transparent). Mais bon, c'était trop glauque pour moi, trop joué ça me fatiguait rapidement.

Marrant que je dise ça parce que j'ai toujours bien aimé les Res.K-P, et dans le genre surjoué ça se posait là quand même. Les mecs prennent des voix pas possibles, reprennent la chanson des nains de Blanche-Neige, ça rappe même pas spécialement bien ! Je sais pas qui est qui (à part Mass la grosse voix et Tema l'Alien et sa voix de cartoon) mais ils ont l'air de tous bien s'amuser ces gens là. Et c'est ça qui me plaisait bien.

Bon ben en fait, je me rends compte que cette compile c'est quand même pas mortel et que c'est plus le souvenir ému de ce tournoi de volley et des jambes bronzées de mes copines qui me le fait apprécier. Ah et j'aimais bien le tracklisting taggé : j'ai passé un moment à imiter les lettres dans mes classeurs au lycée. Ceci étant, j'aime vraiment le morceau d'Ad'Hoc-1 qui va se retrouver de ce pas dans la radio blog ("Criminalité") avec celui d'E.K-Tomb ("Piège"). Après j'étais en tatance pour en mettre d'autres... et puis finalement, allons-y, rions : Malédiction du Nord "Juste Bon Pour Le Sacrifice" et "Fais-Toi Plaisir" des Res.K-P. Et puis encore une louche de Lyon S pour la route ("Miroir").

27 février, 2006

Invasion... de disques dans mes étagères

VA "Invasion" (1997)
Night & Day
1. Cut Killer - Intro
2. La Cliqua - Apocalypse
3. Different Teep - La Rime Urbaine
4. Soul Swing - Radical
5. N.A.P. - Les Vieux De La Vieille (Whesh Part.2)
6. Ideal J - Attaque Contre Attaque
7. Mr. R feat. Le Philosophe - R III
8. Double Pact - La Vie En Face
9. Section Fu - Full Concept
10. Expression Direkt feat. Rohff - J'fais Pas De Sentiments
11. D. Abuz System feat. Oxmo Puccino - Est-ce Qu'ils Sont Prêts
12. Légitime Processus - Fifty Fifty
13. Tout Simplement Noir - La Vie d'Artiste
Je vous ai déjà parlé de Night & Day pour dire que c'était bien. Je persiste et je signe. En 1997, le label a recueilli pas mal de groupes de ce qu'on appelait "l'underground" français. C'est quand même marrant de parler d'underground à l'époque, surtout vu le nombre de groupes qui passaient en heavy rotation à la radio. Vraiment un truc d'ado qui se cherche à se mettre en opposition par principe. Le rap quoi. Quand on regarde l'horrible pochette, c'est vraiment ça : une Renoi en treillis (c'est la guerre man) qui prend d'assaut Paris, maltraitant ses symboles (le kondé, le béret-baguette, le juge, la Tour Eiffel et l'Arc de Triomphe) avec un plaisir non dissimulé. Wesh mon pote, le rap français envahit la France et nique tout sur son passage popopo !

Donc, N&D sont conscients qu'ils ont du bon sous le talon décident de faire une petite compile avec les artistes du label et ils confient la "coordination artistique" (je cite le livret) à un certain... Mehdi Faveris-Essadi. DJ Mehdi, Ideal J. Le bonhomme avait mis une bonne claque à tout le monde avec "O'riginal MC's Sur Une Mission". Et il nous récupère de l'inédit (au moment de la sortie) avec des trucs qui resteront comme des gros morceaux du rap français.

C'est un produit bien bossé quand même. Cut mixait des extraits de tous les groupes présents (il avait bien kiffé sur Rohff visiblement d'ailleurs), on avait un délire mix-tape sur CD, ça claquait bien. Le livret était sérieux aussi, petite présentation des groupes sans en faire trop dans la promo (mettre un son de N.A.P. en disant qu'ils arrêtaient de rapper, c'était marrant), ça permettait de situer un peu tout ce monde (et donner des envies d'achat arf).

Comme des narvalots à l'époque, on a pas mal scotché sur "R III" (le premier album de Mr. R n'était pas encore sorti) qui craint quand même salement. Le sample de musique classique de Black Mozart, R qui partait en couille sur le refrain... On ne peut pas dire que ça ait bien vieilli (ni même que ça ait été vraiment bien en fait).
Dans un autre délire mais aussi insupportable (et déjà à l'époque), les Marseillais du Soul Swing. Les mecs s'appelaient Dope Rymes Sayer (aujourd'hui Faf Larage) et Grand Organisateur DEF (Def Bond), quand même, gardez la pêche les mecs. Le troisième à rapper n'était autre que... K.Rhyme Le Roi. Que du lourd. Le rap marseillais, ça a toujours été un peu naze, un peu balourd et là, on n'était pas dans les meilleurs exemples du contraire.

Dans le genre "j'aime bien mais j'ai un peu honte", le morceau de N.A.P. (New African Poets, les Strasbourgeois straight outta Neuhof) avec son ton larmoyant et son piano-violon de rigueur m'avait donné envie d'acheter leur album "La Racaille Sort 1 Disque". Et puis je réécoutais bien le morceau et je me rendais compte que non, les mecs étaient p'tet sincères et tout mais... ils rappaient pas très bien. Et comme l'album était pas donné et que j'avais pas trop de sous, je me suis abstenu. Sans regret finalement.

Je l'ai déjà dit mais à la base j'étais dingue de la Cliqua. Alors forcément un inédit, ça se fêtait. Sauf que non, j'ai jamais été emballé par "Apocalypse" et aujourd'hui encore, il me laisse une impression bizarre ce morceau. Déjà, Ace à la prod m'avait pas convaincu, je préfèrais la patte feutrée d'un Chimiste. Après, Egosyst avait quitté le groupe, Doc Odnhok était devenu Kohndo et la fraîcheur légère amenée par le duo de Boulogne manque cruellement. Quant à Daddy Lord C, il est en cours de mutation ce qui l'amenera au médiocre Dad auquel on aura droit sur "Le Noble Art" (une de mes plus grosses déceptions). Le délire martial du morceau est lourdingue, on les sent crispés, trop dans le démonstratif qui tombe à plat. Le début de la fin...

La Mafia K'1 Fry commence à se placer sérieusement dans le petit monde du rap français. Different Teep a sorti un premier maxi en 1995 ("La Route Est Longue" dont une nouvelle version, produite par DJ Mehdi sortira l'année d'après), Ideal Junior est devenu Ideal J, "La Vie Est Brutale" est enterré et la renaissance se fait de fort belle manière avec "O'Riginal MCs Sur Une Mission" et Rohff a fait ses armes sur "Guet-Apens" du TIN et Weedy.
Manu Key, Lil Jahson et Mista Flow prennent un coup de vieux à coté de leur nouvelle garde. Leur maxi avait reçu un bon succès d'estime, les gens attendaient la suite mais des petits soucis de justice laisseront Manu en solo pour un moment pendant que les jeunes font leur trou. "La Rime Urbaine" n'est pas foncièrement mauvais mais à côté du "Attaque Contre Attaque" de Kery, il fait pâle figure. On est dans la droite lignée de l'album, on a la même urgence, le même caractère écorché vif (je m'emballe un peu nan ?) et la prod de Mehdi, bien représentative de son époque, permet au titre de se classer parmi les meilleurs du genre. Quant à Rohff, il ne fait qu'assurer le refrain du sombre et violent "J'Fais Pas De Sentiments" (c'est moi où ça sample la pub Obao ?), pas forcément grandiose au passage, mais il en impose.

A l'époque, ils trainaient ensemble tous là : D. Abuz System, Express D., Mafia K'1 Fry. Et Abuz mettait des gifles au micro à 90% des rappeurs français. Putain, quand il démarrait à fond comme sur "Est-Ce Qu'Ils Sont Prêts", ça cognait dur. Des punchlines connard comme il faut, bas du front du genre "Hey MC t'as un chat dans la gorge ou quoi ? On va te mettre une souris dans le cul peut être qu'il descendra", grande classe. Mais il assurait aussi dans le genre posé, souvenez-vous de "Pourquoi".

Dans le genre "Je fais bien ce que je sais faire", je demande Double Pact, Section Fu et TSN. Les premiers ont passé un palier depuis "Impact N°3" : la prod d'Yvan est plus léchée, Stress et Nega ont fait des progrès considérables aussi bien niveau forme que fond et se complètement mieux que jamais. Malheureusement peu de temps après, Night & Day fermera ses portes et leur premier album n'aura pas de distrib' en France (je l'ai en vinyle quelque part, faut que j'y rejette une oreille ça promettait quand même).
Pour Section Fu, "Full Concept" fera partie de la longue liste de titres éparpillés sur des compiles et qui auront retardé l'album de Dexter, Voodoo, Linko et Rudee (Atimali aujourd'hui)... à tel point qu'on ne l'aura pas avant 2003 (trop tard). Là c'est vraiment le concept de la Section, le délire de l'échiquier. C'était super original à l'époque, le EP "Mortal Kombat" était un must have. Avec le recul, je déchante un peu : j'aime toujours autant la voix de Voodoo, Dexter me fait marrer avec son off beat mais les deux autres sont un peu transparents. J'ai une grosse affection pour eux mais merde, je m'étais mis dans la tête qu'ils rappaient mieux que ça.
Et enfin Tout Simplement Noir... Les trois Négros Parigos que sont J'L'Tismé, Bess et L'Parano Refré cloturent la compile tranquilement, toujours aussi "jmenbalek" et branchés cul que sur "Dans Paris Nocturne". Laaaaaaaaaaaid back et toujours classe ("Puis j'vais iech iech yo dans mes te-chio, tu t'demandes ce que j'ai damé, c'était pas des fayots").

Pour la fin je me suis gardé les méconnus Légitime Processus. Trois MCs (Efay, K-Libre et 2Toff), un toaster (Loo Ranks), un DJ (DJ LC) et un producteur (RC) qui n'auront pas eu grand succès au delà de l'estime de quelques DJ et quelques auditeurs éclairés. Il y avait un morceau assez mémorable sur leur album éponyme, "Quel Pied Quand Elle Pleure" où Efay parlait de sa bite (et non, pas la peine d'appeler les Chiennes de Garde, ce n'est pas une apologie des violences conjugales), c'était quelque chose. Je les avais découvert avec "Fifty Fifty" justement, où seuls Efay et Loo Ranks sont présents. Il aura fallu attendre que j'ai l'album (en vinyle, wesh "Résistance Vinylique" ou quoi) pour capter que le premier couplet n'était interprété que par un seul mec, Loo. Bluffé étais-je. Et Efay s'en sortait pas mal même si aujourd'hui ça a vieilli. Le refrain restait dans le crâne et puis y avait des bruitages de Street Fighter II aussi. Gros coup de coeur ce morceau, il me fait toujours bien plaisir.

"Invasion", ça fera comme "La Haine", ça me coutera des thunes. Il fallait que je comble les trous dans la discographie. D'ailleurs, à part Soul Swing et NAP, il doit pas me manquer grand chose. Ah si putain, j'ai "Dans Paris Nocturne" qu'en K7...
Trève de blabla, j'en ai déjà étalé une sacrée tartine, on va se mettre un peu de son : Ideal J bien sur ("Attaque Contre Attaque"), D. Abuz System avec Oxmo Puccino au refrain ("Est-Ce Qu'Ils Sont Prêts - Tu crois marquer comme l'encre mais tu n'es qu'un trait de craie") et le "Fifty Fifty" de Légitime Processus. Et puis "La Vie En Face" de Double Pact tiens, aller.

24 février, 2006

Tu en tomberas forcément accro... codile



Sacré Bruno. Il m'avait tué sur "Autopsie" avec Ministère AMER en 1994 ("95200" mon album de chevet en rap français), ses jeux de mots à deux balles, sa nonchalance, sa façon de parler de son quartier... Présence furtive mais ô combien remarquée. C'était un sacré bon titre d'ailleurs : le refrain complètement débile ("Tant pis pour ta mère v'la le Ministère !"), l'extrait de "American Me", Stomy qui reprend des comptines pour parler de camés, j'ai saoulé les gens dans la cours de récré au collège avec ça !

Je savais pas grand chose de ce Bruno/Doc Gynéco. Il n'avait fait que ça et vu qu'à l'époque, Passi et Stomy ne faisaient pas de compiles, c'était un peu l'invité mystère mais définitivement, ce mec avait un truc à part.

Et puis deux ans plus tard, un CD 2 titres arrive dans les bacs, "Viens Voir Le Docteur" (ouais putain, quand j'y pense, acheter des 2 titres, quelle connerie, surtout quand y a même pas d'inédit ou de remix dessus). La prod est lente, groovy, chaude. On est loin des canons du rap de l'époque qui fronce les sourcils ou couine sur des boucles piano-violon en clâmant le "vrai" Hip-Hop.
Bruno chantonne, joue avec les mots, use et abuse des métaphores avec une nonchalance narquoise inédite. Pas de violence, pas d'histoire de quartier, Gynéco parle de filles, de cul. On est en pleine guéguerre anti-wacks (après les délires old/new school). Faut dire qu'on se tape de sacrées merdes dans le genre festif à la con ou calibré pour la radio : les Kim, les Squeegee (des mecs de Besançon qui avaient fait un clip horrible façon "Braveheart") et d'autres perdus dans les méandres des one-hit-wonders (et encore). Mais Bruno, il a un truc. Il a un univers, un vocabulaire, une présence.
Et puis sur le 2 titres, y a un feat. de Passi qu'on n'avait pas entendu depuis "95200" ou presque. "Est-Ce Que Ça Le Fait ?" (ouaaaaaaaaaaaais ouaaaaaaaaaaaaais) est lui aussi funky, chaleureux et même si les deux compères racontent n'importe quoi, ça reste méchamment dans le crâne. Bon, il arrive cet album ?
Tiens j'me disais là... C'est quand même moche que Passi n'essaie plus de s'amuser avec son flow comme il le faisait à l'époque. Ok il a jamais été un très grand rappeur mais au moins, on s'ennuyait pas autant que depuis qu'il fait ses "Dis L'Heure 2...".

L'album donc.
Doc Gynéco "Première Consultation" (1996)
Virgin France
1. Viens Voir Le Docteur (Dirty Moog Mix)
2. Dans Ma Rue (High For The Chronic)
3. Nirvana
4. Passement De Jambes
5. Né Ici
6. Vanessa
7. Classez-Moi Dans La Varièt'
8. Les Filles Du Moove
9. Si Tu Crois Que Je Pèze
10. No Se Vende La Calle (L.A. Razza Mix)
11. Celui Qui Vient Chez Toi (Quand Tu N'es Pas Là)
12. Est-Ce Que Ça Le Fait? (feat. Passi)
13. Tel Père Tel Fils (Papa Was A Rollin' Stone) (Version Radio)
14. Première Consultation

Franchement, malin le Gynéco. Il anticipe à fond. "Classez-Moi Dans La Variet'". Il fait du rap mais il faudra pas lui prendre la tête avec nos conneries de rappeur. La street crédibilité, le paraître, les sourcils froncés, la posture, il a observé visiblement. Mais il préfèrait jouer au foot. Ou avec ta meuf. Et aujourd'hui, maintenant qu'il est un rappeur de façon officielle, il a pas envie qu'on l'emmerde avec ça.
En fait, il a anticipé un tas de trucs quand on regarde. Il savait déjà qu'on allait lui casser les couilles parce que c'était pas "du vrai rap" ("Classez-Moi Dans La Variet"), qu'il allait avoir du succès et qu'on allait les lui briser avec les thunes ("Si Tu Crois Que Je Pèze"). Hop, direct, il a les réponses toutes prêtes, pas besoin de se fatiguer à écouter les mauvaises langues.

Pour un mec qui maquettait son truc pour se marrer sur des boucles faites à l'arrache la nuit pendant les sessions d'enregistrement de "95200", il savait quand même bien où il allait. Après, c'est une question de coup de bol, de Buretel qui était chez Virgin le signe et l'emmène à L.A. pour enregistrer son album avec des zikos. Je sais pas si y avait eu beaucoup d'albums de rap français enregistrés avec des instruments live jusque là. Le fait est que ça donne une sacrée chaleur au tout et lui permet de bien vieillir. Gynéco n'est pas là pour la technique mais pour la musique. Il fait les choses simplement, avec légereté et ça fonctionne.

Il m'a toujours fait marrer. "Les Filles Du Moove" annonçait la génération de skyblogueuses d'aujourd'hui en collant aux tass de boite de l'époque (doit toujours y avoir les mêmes mais j'y vais pas). Ça m'aurait bien fait délirer un bon morceau sur ces grognasses fans de photos de bébés en noir et blanc, de mecs torses nus (en noir et blanc toujours), de dauphins ou de chevaux qui copient-collent des textes de leurs chanteurs niais préférés à moins qu'elles ne se croient doués d'un talent pour la poésie dépressive. "Hihi elle cè ma best jt kiff cro cro cooooooo, lachè vo com!!!!! en + elle è celib !!!!!" ou "jte coné pa encor tro bi1 mè jte kiff grav !!!!". Bordel, y a des mecs qui sont serial niqueurs de ce genre de dinde. Mais je m'égare...

Un pseudo à la con qui choquera un temps les féministes, un single censuré en radio ("Nirvana" pour la phrase sur le suicide de Bérégovoy) et un autre qui connaîtra la foudre d'associations couineuses (putain pour prendre mal le coup de "les Youpins s'éclatent et font des magasins", fallait vraiment avoir envie de faire chier le monde) sans oublier les embrouilles avec le Secteur Ä (je la garde pour plus tard tiens), ça aide pour le marketing qu'on le veuille ou non, que ça soit calculé ou non.

Le public achète en masse un album de rap. C'est un peu l'alibi des familles pour dire "le rap c'est trop violent mais j'aime bien Doc Gynéco". Il veut amener le public au rap et le rap au public. Apologie du cul, du foot, des drogues douces, du quartier et dénonciation des délires intégristes du rap, ça parle à la ménagère qui veut s'encanailler sans choquer et qui veut rester à la page. Chapeau Bruno.

Aujourd'hui, Bruno Beausire fait partie du paysage culturel français. Il a sa marionnette de foncedé aux Guignols, il fait des albums plus ou moins réussis, il sort des bouquins où il parle de sa vie et de sa philosophie (et même que c'est pénible à lire) mais son premier album ne vieillit pas. Surement parce qu'il n'a pas été pensé comme un album de rap mais bien un album de variétoche sympa, malin et bourré de rengaines qui trottent dans la tête. Je le connais encore par coeur (à quelques exceptions près, genre "Première Consultation" que je trouve un peu light).

Petite sélection dans la radio blog comme pour chaque article : "Autopsie" avec Stomych et Passich, "Dans Ma Rue" qui lui a apporté le succès, "Les Filles Du Moove" parce que ça me fait toujours marrer ce coté "mec désolé pour ces pauvres filles", "Passement de jambes" parce qu'il rappait pas mal là dessus et en bonus, le duo avec les Rita Mitsuko pour un live sur M6 ("Si J'Etais Riche").

23 février, 2006

Kassovitz, tu m'auras couté du blé enfoiré...

VA "La Haine - Musiques Inspirées Du Film" (1995)
Delabel
1. Intro
2. Ministère AMER - Sacrifice De Poulets
3. Sens Unik - Le Vent Tourne
4. IAM & Daddy Nuttea - La 25ème Image
5. Expression Direkt - Dealer Pour Survivre
6. Sté Strausz' - C'est La Même Histoire (C'est Asmeuk)
7. La Cliqua (La Squadra) - Requiem
8. MC Solaar - Comme Dans Un Film
9. FFF - Le Vague A L'Arme
10. Raggasonic - Sors Avec Ton Gun
11. Les Sages Poètes de la Rue - Bons Baisers Du Poste
12. Assassin - L'Etat Assassine
1995. J'ai 14 ans, je suis en 3ème au collège Montaigne. Au cinéma, y a un film en noir et blanc qui parle de la banlieue qui sort. Je suis dans une période "fier d'être banlieusard" (pas non plus à faire du "represent" à tout va mais c'est là où j'avais trouvé mon identité à l'époque) et donc forcément, je vais le voir. Tourné à quelques stations de chez moi, à Chanteloup-les-Vignes (on voit un peu ma ville quand ils prennent le train pour Paname, trop la classe), Cut Killer qui mélange Edith Piaf, NTM et KRS-One à fond dans la cité, Aktuel Force qui break, des dialogues qui deviendront cultes ("Comment ils ont fait pour faire rentrer la voiture ?!"), j'en prends plein les mirettes.

Et puis y a la sortie de la bande originale. Enfin, des "Musiques inspirées du film", la véritable BO sortira elle aussi (avec "Mon esprit Part En Couille" d'Express D notamment, repris de la compile "Ghetto Youth Progress" de Rudlion) sur le même CD que celle de "Métisse", le premier film de Kassovitz.
Cette saloperie d'album m'a filé le virus "rap français" pour un bon moment. Sacré casting il faut dire. Aussi bien les poids lourds (même si finalement le titre de NTM n'apparaîtra pas) que la relève ont fourni des inédits de qualité (sauf Assassin mais le choix du titre est justifié par rapport au sujet du film). C'est surement la première BO (nan pas banlieue ouest négro) rap en France et peut être la dernière qui colle aussi bien au film auquel elle se rapporte. Un produit cohérent quoi, ça se perd de nos jours.

Et d'entrée de jeu, ça cogne dur. Une des seules apparitions du MÄ en dehors de ses albums (aujourd'hui, ils veulent nous la jouer "on est de retour" c'est assez grotesque, bref) et un procès à la clé : c'est "Sacrifice De Poulets" portés par un Stomy qui force sa voix de fausset et un Kenzy en ministre de l'information. Ils en auront pris plein la gueule pour ce morceau, condamnés même.
Pourtant, le futur gangster d'amour (sic) ne fait que reprendre les débuts du film en incarnant un émeutier qui veut se venger d'une bavure sur un des mecs de son quartier. En tout cas, du coup, la compile sera pas rééditée. Collector mon pote.
Bref, gros morceau, je mettais ça dans toutes les compiles que je me faisais sur K7.

Y avait aussi des mecs de mon département. A l'époque, c'était le désert. Les seuls mecs du coin dont on avait un peu entendu parler, c'était La Harissa, les Portugais d'Eragny/Cergy (et ils étaient du 95). Personne de mon entourage n'avait la compile "Ghetto Youth Project", ni le maxi de "Mon Esprit Part En Couille" donc je découvre Le TIN, Weedy, Kertra et Delta avec "Dealer Pour Survivre".
Je me souviens que le truc qui m'a le plus surpris au départ, comme avec le track de Sté (il m'a fallu un moment pour savoir si c'était bien une fille), c'est la quantité de verlan utilisé dans ce morceau : "chan-mé c'est la lère-ga et j'en suis trop goute-dé", vaille-tra, lère-ga, ille-cou... Pas que ça me choque, c'est du vocabulaire qu'on utilisait mais dans le rap, autant, c'était surprenant.
Au-delà de ça, y avait un mélange de chant (j'aime bien le brin de voix de Weedy), de pseudo ragga, de mecs véner' et surtout un accent de vérité qui donnait un résultat franchement réussi (3/4 Coste-La caillera ! A la kiss mon fils !).

Bon y avait des trucs qui me bottaient moins là dessus. Sens Unik, y avait un mec qui rappait avec une voix chelou et un flow à l'ancienne. J'aimais bien Osez sur le morceau en revanche. MC Solaar, on se rendait bien compte qu'en 1995, il était déjà tout fatigué (putain le coup de la "crotte de nez à New Dehli", ça me choquait déjà à l'époque) et FFF, ils faisaient un peu parachutés là par hasard. A force, je m'y suis fait à ce morceau, j'aime bien la voix de Marco Prince de toute façon je crois.


IAM & Daddy Nuttea, leur "25ème Image", c'était un peu le hit de l'album je me souviens. Le sample d'Akira fonctionnait bien mais comme tout morceau d'IAM, ça a salement vieilli. Et puis Nuttea, c'est plus mon copain. C'est dingue comme les flows d'Akhenaton et de Shurik'n font kitch. Le DJ d'Ivry et les Marseillais referont joujou ensemble sur "Un Cri Court Dans La Nuit" deux ans plus tard mais entre temps, Nuttea aura invité AKH et Daddy Mory pour poser une sorte de remix sur "Retour Aux Sources" (le morceau "Alerte").


Dans le délire Ragga, y avait Daddy Mory justement avec son pote Big Red. J'avais déjà entendu Mory sur "Raggajam" (premier album de Solaar "Qui Sème Le Vent Récolte Le Tempo" avec Kery James encore minot) mais j'avais jamais entendu Rapsonic le premier groupe de Big Red avec Crazy B (et toujours pas à ce jour d'ailleurs). Ils avaient l'air de bien se marrer ces deux là et puis essayer de les suivre, c'était le défi : fallait faire le morceau complet sans accrocher. Paie ton jeu de con. Ils sortiront leur premier album, bien sympa, la même année.

Bon on va passer sur Assassin assez rapidement. Avec le recul, je rigole doucement mais à l'époque... Putain j'étais à fond. J'ai pas découvert Squat et ses copains invisibles avec "Rapattitude" ni avec les deux volets de "Le Futur, Que Nous Réserve-t-il ?" mais bien avec "La Haine". Je suis vraiment tombé dans Assassin. Ça durera un moment. C'est dur mais j'assume. Mais j'y reviendrai.

Ministère AMER c'était du lourd, un de mes titres préférés. S'il avait fallu faire un top, il aurait été dedans avec deux autres titres : "Requiem" crédité à la Cliqua et "Bons Baisers Du Poste" par les représentants de Boulogne que sont les Sages Po'. Putain les gifles.

Bon alors en fait de Cliqua, il n'y avait "que" La Squadra, ce qu'on pouvait faire de mieux en matière de duo en rap français (j'ai beau cherché là, je vois toujours pas mieux). Daddy Lord C et Rocca. Un noir, un blanc. Une complicité au micro fabuleuse, une technique de dingue. C'est bon, y aura avant et après eux pour moi. Sérieux, avant eux, qui faisaient des pass-pass aussi bien foutus en France ? Les mecs partageaient le micro comme personne, ça donnait une énergie incroyable. Cherchez pas, je suis fan. Et puis la prod' de Chimiste aussi discrète soit-elle annonçait plein de bonnes choses pour un projet du groupe. "Conçu Pour Durer", intestable.

Et enfin, Les Sages Poètes de la Rue. Je les ai découvert sur scène en 1994 en première partie de MC Solaar. J'étais môme, j'étais venu voir le Solaar de "Bouge De Là", "Quartier Nord", "Obsolète" et finalement, je suis sorti du Zénith avec Les Sages Po' incrustés dans les rétines et les esgourdes. Je me souviens m'être dit "merde, c'est ça que j'aime comme musique".
C'était dingue ce groupe. Dany Dan la flambe à toute heure, Melopheelo le calme mélodieux (un peu à la ramasse par rapport aux autres mais il avait son charme) et surtout Zoxea, un flow de dingue, un talent indéniable en impro, une voix reconnaissable entre mille. Ce "Bons Baisers Du Poste", c'était bien foutu. Le coté "histoire vue par le prisme de trois personnalités différentes" (ziva !) et surtout la phase impro de Zox' à la fin du morceau. Une bonne synthèse des Sages Po'. Alors retiens bien "La nuit la galère c'est chaud, fais gaffe à toi, protège ton dos ! Méfie-toi des badauds qui arpentent les rues, la loi de la jungle tue, si t'es pas roi tu es perdu !".

Et donc cette compile m'aura coûté du blé. Parce que du coup, ça m'a fait acheter les disques de tous ces gens là. "Guet-Apens" du TIN et Weedy, "Conçu Pour Durer" de la Cliqua, l'album éponyme de Raggasonic, "Qu'est-Ce Qui Fait Marcher Les Sages"... Ces gens là invitaient d'autres gens, sortaient des maxis, posaient sur des mix-tapes. Et moi j'achetais compulsivement. C'est de votre faute si j'en suis là où j'en suis aujourd'hui ! Enfoirés !

Sélection blog radio sans surprise : Ministère AMER, La Cliqua et Sages Po' ! Petit bonus, "Alerte" sur l'album de Nuttea avec Mory et AKH en feat...

18 février, 2006

Lyon S, tiens bon...

1996... Il y avait la Cliqua mais il y avait aussi le Ménage à 3. Je sais plus s'il y avait encore LTD à l'époque. Le truc à avoir à l'époque, c'était les mix-tapes de Cut Killer : les maxis ricains du moment (aaaah Jamal, Genius, Dogg Pound, Fugees...) et le reste laissé à la discrétion des groupes chauds de l'underground de l'époque. Arrive la N°17, "Spécial Ménage à 3". Blam, claque dans ma gueule. Après celles de la Cliqua (N°11), Lunatic et Afrojazz (N°16), c'est au crew du 77 d'avoir droit à sa K7. Que du bonheur, des fautes partout (dédicace aux 3 Loups), des tracklistings incomplets... Le charme des tapes de Cut.

La prise d'otage de Cut en pleine émission, le morceau collectif, les morceaux de chacun des groupes (2 Bal Niggets, Ad'Hoc-1, Gued-1, 3 Coups), les freestyles virtuels avec les cainris... Nickel de bout en bout. J'ai usé l'enchainement "Parrain 7-4" (3 Coups feat. Dernier Concept & Doc TMC) "Ad'Hoc Mène La Barre" (hyper mal repris sur le premier album du groupe, "A Bord du N333") jusqu'à la corde. Un collector dont je prends grand soin. Evidemment, quand elle a été rééditée sur CD il y a quelques mois, j'ai sauté sur l'occaz ce qui me permet de faire péter ça dans la blog radio.

C'était marrant, les mecs étaient tous à fond sur "
Parrain 7-4", surement parce qu'on avait tous rêvé de sampler le thème de Nino Rota... Et puis on avait tous entendu les "Lyon S, tiens bon" balancés par le crew à chaque apparition. Mais qu'est-ce qui avait bien pu arriver à Lyon S ? On avait fini par apprendre qu'il était en planque au bled (Centrafrique si mes souvenirs sont bons) à cause de la double peine. Quand t'es un mome, ce petit coté sulfureux c'est excitant. Et puis merde, c'était abusé, on espérait tous son retour pour donner une suite au maxi des 3 Coups.

Le maxi justement. Alabaz Records qui présente 3 Coups "Check La Devise". Ce logo façon tag (trop Hip Hop man). Le logo du Ménage à 3 en scred. La photo où tout le monde cache sa gueule. C'était dingue. Trois titres, deux MCs, 3 producteurs.

3 Coups "Check La Devise" (1995)
Alabaz Records
1. Check La Devise (prod : Spirit)

2. Art. 15 (prod : Tefa & Masta)
3. La Crise (prod : Spirit)

L'ambiance est sombre. Mr. R en fait trop comme il continuera à le faire mais Lyon S a une présence dingue. Une grosse voix qui m
et la pression que ce soit quand il rappe ou quand il chante. C'est con à dire mais ça sent la rue, le mec qui blague pas. Et son exil a rajouté à son aura auprès de nous (je dis nous parce que je me souviens qu'on était vraiment à fond avec Loïc).

Faut dire que le Ménage à 3, c'était une équipe qui blaguait pas. Enfin de ce qu'on pouvait en entendre au fond de notre 78 paumé. Lyon S, c'était la même famille que Daddy Lord C (frangin ou cousin je sais jamais), les Black Dragons. Gros passif en tant que chasseurs de skins sur Paris. Des cousins partout, dans tous les groupes de rap. Et le Ménage, c'était ça. Le crew tentaculaire par excellence. Les dédicaces à la fin de "La Crise", pour moi, c'est ça le Ménage. Des mecs qui braillent comme des dingues et qui dédicacent la moitié du rap français parce que c'est la même clique qu'eux.



C'est beaucoup la nostalgie qui joue, on l'a tellement saigné ce maxi à l'époque (quand on arrivait à récupérer les cellules des platines chez Loïc). D'ailleurs, y a un super blend à faire avec "
Check La Devise" sur "Attaque Contre Attaque" d'Ideal J (présent sur la compile Night & Day "Invasion" en 1998).

Et Lyon S n'est jamais revenu. Du moins pas dans le rap. Mais les 2Bal ont pris la suite. La succession était d'ailleurs annoncée sur le maxi avec la présence de Doc TMC sur un refrain. Il faudra attendre l'année d'après pour ça mais c'est une autre histoire.

En écoute à droite dans la radio : "La Crise", "Le Parain 7-4" avec Dernier Concept et Doc TMC et en bonus, Ad'Hoc-1 pour "Ad'Hoc Mène La Barre".

Double Pact, c'est bien pour serrer...


Double Pact "Impact N°3" (1995)
Label 60 Productions / Night & Day
1. Intro (feat. Elie Eid)
2. Bonne Epoque (feat. Betula)
3. Le Passé Passe
4. Impact N°3
5. Tout Ce Qu'on Pense De Toi (feat. Egosyst & Les Petits Boss)
6. Dope MC's
7. Le Bon / Le Mauvais
8. Outro
Night&Day. Toute une époque. Les jazzeux qui se mettent au rap français et qui, contre toute attente, ont bon goût. Night&Day, forcément, c'est la Cliqua. Et la Cliqua, ils ont fait des petits. Double Pact c'est la branche suisse du 18ème. Si si. Trois mecs, Stressan (le blanc à la voix aigue qui s'appelle Stress maintenant) et Nega (le noir qui est le frère de Loucha des Petits Boss) qui font du rap et Yvan qui fait des beats (pour Fratra Production).
Et déjà à l'époque le père Yvan nous pondait des petits trucs sympas derrière ses machines. Des trucs avec des trompettes jazz, des trucs qui sonnaient quand même un peu cainri. Bon ok, ça rappait un peu bancal, y avait des phases un peu light, des feat. dispensables (Betula, tu chantes faux) mais bon, en bon fan de la Cliqua qui se respecte, on aime bien qu'ils aiment bien Egosyst. Et puis, merde c'était bien. Et puis y a encore quelques titres qui passent bien (genre "Dope MCs").

Double Pact c'est aussi et forcément à l'époque, les Petits Boss. Elie Eid, Marabouillar et Loucha. Ils finiront par sortir un maxi un peu plus tard ("La Voix Claire" produit par DJ Mehdi il me semble) en partageant le vinyle avec Le Coup d'Etat Phonik de Doc Odnhok et Egosyst ("Dans Ma Tête 2 (Chimiste Remix)") et apparaître sur la compilation "Arsenal présente Le Vrai Hip Hop". On les aimait bien parce que c'était les "petits" de Double Pact, les protégés de la Cliqua. Fanatiques, oui oui si si. Mais ils puaient sacrément.

J'étais en seconde au lycée Jules Ferry, on écoutait ça en boucle avec l'ami Loïc (toujours le même), même qu'il taggait Dhone, moi des trucs trop longs avec des flèches à chaque lettre et même qu'on le connaissait par coeur ce EP. Ah ouais et son enculé de frangin planquait les cellules de ses platines pour pas qu'on les utilise. Une belle salope quand même.

Bon alors là c'est le moment où j'explique le titre du billet (c'est bien comme ça qu'on dit ?). Je sortais avec une fille de ma classe qui m'avait fait du rentre-dedans en me demandant de lui prêter ma K7 de "L'Homicide Volontaire" d'Assassin (ouais ouais Assassin, on y reviendra surement). Lauriane. 1m57, une grande gueule de rital et plus d'expérience que moi (ça veut dire qu'elle était déjà sorti avec des mecs). "Apollo 13" au cinéma. Emballé (mais mal) c'est pesé.
Elle finit rapidement par me larguer pour se mettre avec un autre mec. Et puis finalement, comme j'étais déjà un mec bien à l'époque, elle a voulu qu'on se remette ensemble.
Comme souvent le midi, la seconde 8 (les terreurs... putain heureusement qu'on n'avait pas les skyblogs à l'époque) mangeait pas à la cantine. On faisait le trajet jusqu'à chez moi. Y avait Alex et son booster orange, Sylvain et sa mob', Julien et son booster complètement traffiqué (un garagiste nous avait dit qu'il aurait du monter à 110 mais vu que Julien était une tanche, il montait péniblement à 50km/h). On faisait des pates tous les midis. On copiait les exos de bio sur Anaïg (qu'on aimait bien que pour ça et puis parce que c'était la copine d'Elise).
Ouais, donc un midi chez moi, les pates, tout ça... Les autres qui jouent au basket devant la maison. Moi dans le salon avec "Impact N°3" qui tourne et puis Lauriane qui vient s'asseoir à coté de moi. Et zou, c'est reparti. Sur "Le Passé Passe" si je me souviens bien. C'est surtout ça dont je me souviens d'ailleurs "putain, j'emballe une meuf sur du Double Pact". Connard tout petit déjà. Bon ça a pas duré. 1 mois et demi à l'époque, c'était genre "long" !

Ah tiens, c'est Armen qui avait pris les photos du CD. Ah ben merde alors, il est là depuis vraiment super longtemps l'animal.

Aller zou, "Le Passé Passe", "Dope MCs" et "Ce Qu'on Pense De Toi" avec Egosyst (Coup D'Etat Phonik/La Cliqua) & les Petits Boss en écoute dans la blog radio (merci à DamKarapitchFrank pour le coup de main).

On s'fait vieux


Voilà que je tape le quart de siècle et que je replonge dans mes cartons...
Damn, j'en ai claqué des thunes dans ces conneries. 1993, tard pour certains, tôt pour d'autres... Chaque billet gratté à un quelconque anniversaire, noël ou passage de la famille partait dans l'achat de CD.

Samedi après-midi. Casquette Starter vissée sur le crâne. Fraude dans le RER pour aller aux 3 Fontaines à Cergy (2 stations), woah l'adrénaline ! Direction la FNAC. Mater tous les disques des trois bacs dispos au moins 10 fois. Sortir et reposer des disques autant de fois. Finalement opter pour un album. Sortir son billet de 100 francs. Passer en caisse.
Ensuite, le meilleur moment. Aller au Burger King dans le petit passage. Commander un Double Whopper Cheese. Ouvrir consciencieusement le cellophane du disque avec la canine inférieure droite. Sortir le livret, l'éplucher dans tous les sens. Manger mon Double Whopper Cheese.
Retour au RER, re-fraude (woah caillera). Jamais serré d'ailleurs tiens.

1995. Samedi après-midi. RER pour Chatelet-les-Halles avec Loïc (wesh DJ Curtis, bien ma gueule ?). Fraude. Jamais serré non plus. La classe.
Direction LTD (un magasin de chaussures aujourd'hui). C'est petit, c'est sombre. On est des gamins, y a des gros renois qui ont des têtes méchantes. On se faufile jusqu'au bac "Rap français". Daddy Lord C, les X-Men, Section Fu... Il faut faire un choix ! Voilà, c'est bon... Plus qu'une mix-tape ou deux. Ah tiens un mec qui se fait sortir. Tendue l'ambiance.
Ah ouais, ça tape une OD dans la salle d'arcade en face. Ah ouais, ça veut pas monter dans le camion des pompiers et ça gerbe un truc blanc chelou. Sympa Chatelet, on reviendra. Souvent même.

Ah putain, c'était l'bon temps. Ouais ben parlons-en justement. Des disques et du bon temps.